Mercenary Kings: le financement participatif pour faciliter la découvrabilité d’un jeu
Le plus grand bénéfice d'une campagne de financement participatif n'est pas toujours d’ordre financier.
- Nom du projet : Mercenary Kings
- Type de production/projet : jeu vidéo (PC, PS4)
- Période de financement : du 14 août au 13 septembre 2012
- Montant demandé : 75 000 $US
- Fonds levés : plus de 116 000 $US
- Nombre de contributeurs : 3 880
- Contribution moyenne : 30 $
- Entreprise : Tribute Games
Le projet
Tribute Games est un studio de jeux vidéo indépendant situé à Montréal. L’équipe composée d’anciens développeurs de studios provenant notamment d’Ubisoft, de Gameloft et d’Eidos crée des jeux à l’allure rétro, inspirés des ères 8 bits et 16 bits.
Après avoir lancé le titre Wizorb en 2011, la jeune entreprise s’est mise au développement de Mercenary Kings, un jeu d’action 2D où jusqu’à quatre personnes incarnent une équipe de mercenaires devant utiliser un imposant arsenal pour libérer une île tropicale.
La campagne de financement
Au départ, Tribute Games avait l’intention d’être autosuffisant, notamment grâce à l’investissement d’épargnes personnels et à quelques subventions. Le succès remporté par le studio Double Fine sur Kickstarter, une plateforme encore nouvelle à l’époque, a toutefois convaincu l’équipe de tenter sa chance dans l’arène du financement participatif.
« Nous sommes des développeurs, et nous ne nous y connaissions pas trop en financement », se rappelle Jean-François Major, vice-président et cofondateur de Tribute Games. La campagne pour Mercenary Kings a tout de même réussi à lever 116 000 $, alors que l’objectif initial avait été fixé à 75 000 $.
« C’était un bon montant, mais ce n’était pas suffisant pour se payer un véritable salaire », raconte le cofondateur. Le studio a toutefois eu accès à plus de financement par la suite en procédant au lancement de son jeu sur la plateforme Steam Early Access.
« Ça nous a permis non seulement de commencer à vendre le jeu alors qu’il n’était complété qu’à 60 %, mais aussi d’offrir quelque chose à nos investisseurs sur Kickstarter près des dates que nous avions promises », ajoute le vice-président.
Remettre ses gains en perspective
Même si les 116 000 $ levés représentent une bonne somme, Tribute Games s’est aperçu que cet argent diminuait rapidement. « Kickstarter prend une partie, Amazon aussi, il faut payer des taxes et il faut en plus remettre les récompenses », explique M. Major.
L’équipe avait bien prévu le coup en mettant de l’argent de côté et en limitant l’offre des récompenses matérielles aux grands investisseurs seulement, mais l’opération a tout de même nécessité temps et argent. « Nous avions aussi mal compté les frais de livraison », note le développeur.
Se faire découvrir par Sony grâce au financement participatif
Le plus grand bénéfice de la campagne de financement participatif n’a toutefois pas été d’ordre financier.
« Pendant la campagne Kickstarter, nous nous sommes fait approcher par Sony, qui s’est dite vraiment intéressée par nos jeux », relate M. Major.
« À l’époque, la console PlayStation 4 n’avait même pas encore été annoncée, et ils nous avaient demandé si nous voulions y publier Mercenary Kings. Nous avions même reçu un ensemble de développement PlayStation 4. C’était vraiment un gage de confiance de leur part », ajoute-t-il.
La campagne de financement participatif a permis à Mercenary Kings de se hisser parmi les premiers titres offerts sur la nouvelle console de Sony et l’entreprise japonaise a même invité le studio au salon du jeu vidéo Electronic Entertainment Expo (E3) de Los Angeles afin de présenter son jeu pendant une conférence de presse.
« Ça a été la meilleure visibilité qu’on aurait pu avoir », estime Jean-François Major. C’est une visibilité qui tombait à point puisque, à l’époque, le studio avait justement choisi de réduire ses dépenses de marketing afin de se concentrer sur la production d’un jeu de qualité.
Les éléments à considérer pour une prochaine campagne
Tribute Games a depuis lancé deux autres titres sans toutefois recourir au financement participatif. « Les jeux étaient de plus petite envergure, et nous étions moins à l’aise de faire une campagne pour des jeux du genre, reconnaît M. Major. Mercenary Kings a aussi connu beaucoup de succès, alors nous n’avions pas besoin de solliciter du financement externe ».
Le cofondateur de Tribute Games n’est toutefois pas fermé à l’idée d’une nouvelle campagne éventuelle. « Kickstarter est une plateforme géniale pour tester le marché, confie-t-il. Au lieu de courir le risque de développer un jeu pendant deux ans, tu peux faire un petit prototype et lancer rapidement une campagne. Si les gens ne sont pas intéressés et que ça ne fonctionne pas, l’investissement n’aura pas été énorme », estime le développeur.
Pour celui-ci, une campagne de financement représente aussi une bonne forme de marketing. Le studio peut faire parler de son jeu, et les investisseurs deviennent ensuite des ambassadeurs de la marque.
Parmi les choses auxquelles Tribute Games voudrait porter une attention particulière lors d’une prochaine campagne, Jean-François Major souligne notamment l’importance de bien gérer les attentes des investisseurs en lançant un message clair et franc ainsi que des idées bien réfléchies.