L’Échappée

Un petit village de région où tout le monde pense se connaître. Un centre jeunesse où se prennent des décisions difficiles. Les paysages magnifiques du Bas-Saint-Laurent. Et le retour au bercail de Brigitte dans un enchainement d’événements qui laisseront des séquelles. Voilà comment débute la série dramatique L’Échappée produite par Amalga. Alors que les personnages de l’auteure Michelle Allen tentent d’échapper à leur propre vérité, son récit cherche à être le plus vrai possible afin de révéler l’univers des centres jeunesse au public.


Avec l'équipe de tournage (Photo par Éric Myre)

À la rencontre de l’inconnu

L’auteure Michelle Allen se décrit comme étant très curieuse. Et c’est tant mieux, puisque cette curiosité aura servi de bougie d’allumage pour la création de L’Échappée, comme elle l’explique : « Il y a une dizaine d’années, je travaillais sur la série documentaire Un tueur si proche qui présente des cas d’homicides. Il y avait eu des histoires de meurtres qui se déroulaient à l’intérieur de centres jeunesse. Ça m’a touché. Je me suis rendu compte que c’était un monde dont je ne connaissais rien. J’ai voulu en savoir plus sur ces centres et sur les jeunes qui les fréquentent. » Ainsi, considérant que la thématique des centres jeunesse est trop rarement abordée à la télévision, la scénariste a voulu l’intégrer à son concept de série dramatique. Mais ce n’était pas le seul élément qu’elle souhaitait explorer : « Il y avait aussi l’idée de la région. J’habite à Montréal et bien souvent, quand on habite dans une grande ville, on connaît peu les régions éloignées. On a des préjugés et je voulais en sortir. Et comme j’aime aussi beaucoup les histoires policières, j’ai pensé commencer par un drame que vit une éducatrice. J’avais envie de mettre tout ça en scène… C’est de tout ça que l’idée de L’Échappée est née. »


Les paysages magnifiques de la série (Photo par Éric Myre)

La réalité et la fiction

Celle qui n’en est pas à sa première série télé — on la connaît pour d’autres grands succès comme Destinées, Fugueuse et Pour Sarah— a étudié la thématique des centres jeunesse à fond : « Évidemment, on doit toujours prendre des libertés dramatiques puisque c’est de la fiction, mais on fait une énorme recherche de tout ce qu’on met en scène pour être le plus juste possible. Dans ces centres, il y a beaucoup de règles, il y a une justice parallèle et ce n’est pas simple. C’est pourquoi on travaille avec des consultants formidables ; avocats, policiers, personnel des centres jeunesse et médecins, pour nous aiguiller. »

Malgré tout ce travail en amont afin d’être conforme à la réalité des centres jeunesse, Michelle Allen est consciente que la vérité peut parfois être difficile à concevoir : « Il y a beaucoup de cas incroyables de jeunes trahis, blessés, agressés. Je les ai lus ; ça existe. Il y a plein de choses dont on ne soupçonne pas la réalité et qu’on voit dans L’Échappée. Mais dans la sphère publique, on en parle peu et on ne donne pas la parole aux éducateurs. Une travailleuse sociale m’a déjà expliqué que si un jeune fait une fugue sous ses yeux, elle ne peut pas lui prendre le bras pour le retenir. Ils ont des règles et des limites à respecter. Alors présenter ça dans une série, montrer le dilemme et le drame, faire des personnages humains à travers tout ça, et en même temps de raconter l’histoire d’une façon intéressante et non bureaucratique, c’est très complexe. Heureusement, dans un cadre de fiction, j’ai de l’espace pour raconter des choses comme celles-là. »


Sur le plateau (Photo par Éric Myre)

Avoir un impact

Derrière les intrigues policières de sa série, l’auteure espère que ses textes puissent avoir une certaine portée sur la perception du public : « Peut-être que si on voyait à quoi servent les centres jeunesse, peut-être qu’on serait plus sensible à ces jeunes qui ont besoin d’aide. Peut-être qu’on serait aussi plus sensible aux gens qui travaillent auprès de ces jeunes, qui en font une mission, qui manquent de ressources, et qui sont épuisés... C’est fou comme on oublie souvent ces lieux et ces gens qui sont pourtant vitaux à l’avenir de notre société. On ne peut pas jouer à l’autruche en faisant comme si ça n’existait pas. C’est ma préoccupation derrière L’Échappée. C’est un peu une forme de sensibilisation. » On comprend ainsi qu’au-delà du divertissement, la scénariste souhaite faire réfléchir : « J’ai toujours un souci d’essayer de faire voir des parties du monde que les gens voient moins, de parler de choses qui sont peu sur la place publique et d’en parler de l’intérieur. »

Les téléspectateurs semblent prendre plaisir à découvrir cet univers. En effet, la série est suivie par plus de 1,3 million de téléspectateurs en moyenne chaque semaine depuis l’automne 2016. Michelle Allen est heureuse de pouvoir toucher tant de gens en racontant ses histoires et en passant son message : « Tous les auteurs vous le diront : on fait de la télévision pour parler aux gens. Même si on est conscient qu’on fait du divertissement et qu’il faut savoir intéresser et captiver le public, si on écrit, c’est d’abord parce qu’on a quelque chose à dire. » Et ce que Michelle Allen a à dire ne laisse personne indifférent. Ultimement, alors que le drame policier L’Échappée se déroule en région éloignée, il nous ramène à des valeurs universelles qui sont tout près de nous : l’humanité, l’empathie, la solidarité, et le courage.


L'auteure de L'Échappée Michelle Allen (Photo par Julie Perreault)

La troisième saison de L’Échappée sera de retour dès le lundi 7 janvier, 20 h, à TVA. La saison 1 et la saison 2 sont aussi présentées sur Club Illico. Vous pouvez suivre la série sur Facebook et sur le site officiel.