Perspectives - Embrasser le changement (Printemps 2024)

Section 4: Facteurs clés pour renforcer l’industrie

IA dans l’industrie des écrans : faire preuve d’intelligence

Appréhender l’IA sous le prisme de l’expertise audiovisuelle

Par Florence Girot
Cheffe principale, Prospective & innovation, Fonds des médias du Canada

La sortie de ChatGPT, l’intelligence artificielle (IA) générative d’OpenAI, en novembre 2022 a créé un séisme dont les répliques continuent de secouer l’industrie des écrans à travers le monde.

L’IA était déjà présente dans notre secteur avant cette date, notamment en amont. Que ce soit avec les outils prédictifs qui permettent d’évaluer le succès d’un projet sur la base de son scénario ou de sa distribution, mais aussi en postproduction, effets visuels, animation, ou encore en jeu vidéo. Mais les progrès dans la qualité de rendu d’une IA générative (quoiqu’encore imparfaite) et l’adoption aisée de l’outil ont permis au secteur d’envisager une automatisation facilitée et accessible à un grand nombre.

Le pendant négatif de l’automatisation — la disparition de certains emplois — a rapidement cristallisé les inquiétudes. La double grève des scénaristes et des interprètes aux États-Unis en est devenue le porte-voix.

Le secteur américain n’a pas été le seul à se faire entendre. Au pays, la Writers Guild of Canada alertait dès juin 2023 le ministre du Patrimoine canadien quant aux menaces de l’IA sur les scénaristes. Plus récemment, des porte-paroles des secteurs de la télévision, du cinéma et de la musique ont interpellé le gouvernement sur la nécessité de protéger leurs industries dans le cadre de la Loi sur l’intelligence artificielle et les données (LIAD, incluse dans la loi C-27) 1.

Quoique largement documentés, les défis autour de l’IA n’évincent pas le potentiel qu’un tel outil puisse représenter pour économiser des ressources, en particulier en période de coupes budgétaires.

Il peut alors être judicieux d’appliquer l’un des principes clé du secteur : l’analyse bénéfices-risques.

En phase de développement, une IA générative et/ou prédictive 2 peut apporter une aide efficace que ce soit dans le processus de scénarisation, pour la création de l’ambiance sonore ou visuelle (illustration des décors, lumières, costumes, etc.), voire dans le choix de la distribution et le storyboarding.

En production, l’indexation et la labélisation des épreuves de tournage, la transcription des entrevues en documentaires, ou l’animation assistée permettent une productivité accrue.

En postproduction et effets spéciaux, les applications sont multiples et l’automatisation à l’œuvre depuis plusieurs années.

En distribution, promotion et diffusion, une optimisation substantielle est aussi possible.

Mais pour chacune de ces étapes et de ces utilisations, les questions qui régissent le secteur restent plus que jamais pertinentes : partageriez-vous votre traitement avec n’importe qui alors que vous êtes en début de développement? Le partageriez-vous avec une IA « publique » sans consulter ses conditions d’utilisation et avoir la garantie que vos données ne seront pas utilisées à des fins qui contreviendraient aux termes de la chaîne de droit? Et inversement, sans avoir la garantie que des données sous licence ne s’immiscent dans votre travail? Les IA utilisées par vos prestataires en postproduction ont-elles été développées par leur soin ou sont-elles « publiques »?

Outre la sécurisation de l’utilisation des données, le recours à l’IA s’accompagne de considérations financières, une IA « maison » étant plus sûre, mais aussi beaucoup plus dispendieuse.

Le temps investi est aussi à évaluer : vos équipes sont-elles pleinement opérationnelles sur ces outils? Faut-il envisager des vérifications pour prévenir certains biais ou autres problèmes?

Une autre question clé est à considérer : l’empreinte environnementale massive de l’IA. Alors que l’industrie veille à mettre en place des protocoles efficaces et pérennes, parfois accompagnés d’incitatifs, la simple utilisation d’une IA générative risque bien de ruiner tous les efforts. À titre indicatif, la génération d’une image a la même empreinte carbone que la recharge de votre téléphone 3.

Qu’est-ce que tout cela signifie pour notre industrie en 2024? Qu’il y a urgence à avoir une approche de l’IA qui concorde avec nos processus et objectifs, autant au niveau individuel, comme évoqué plus haut grâce à une utilisation raisonnée et éclairée des outils, qu’au niveau sectoriel.

Pour ne citer qu’un exemple de possible impact au niveau sectoriel, imaginez lorsque Sora, l’IA générative de vidéo d’OpenAI, ou toute autre IA générative, pourra être utilisée dans le cadre du tournage. Comment cela pourrait-il affecter les décisions des productions étrangères de venir tourner au Canada? Quelles conséquences cela pourrait alors avoir sur les politiques de crédits d’impôts dont l’industrie locale bénéficie aussi?

Grèves d’Hollywood : quels résultats?

L’achoppement des négociations contractuelles tri-annuelle entre l’AMPTP (Alliance of Motion Picture and Television Producers) et les syndicats américains a déclenché deux des plus longues grèves d’Hollywood en 2023, simultanément. In fine, les scénaristes de la WGA (Writers Guild of America) ont notamment obtenu qu’aucun contenu produit par une IA ne puisse être considéré comme une œuvre originale ou littéraire. Par ailleurs, les scénaristes restent libres d’utiliser ou non l’IA dans le cadre de leur travail. L’humain au centre de la création a ainsi été sanctuarisé. Pour les trois prochaines années du moins. Mais au rythme auquel se développe l’IA, trois ans semblent une éternité.

Quant à la SAG AFTRA, le syndicat des interprètes a obtenu un cadre protecteur et compensatoire pour les cas où ses membres seraient à l’écran sans avoir participé à un tournage. Le consentement et la rémunération seront systématique pour toute utilisation des voix et image des interprètes. Bien que la performance humaine ait été (ré)affirmée dans le nouveau contrat, plusieurs interprètes, notamment de doublage, ont fait entendre leurs inquiétudes quant aux failles de l’accord. Les avancées de l’IA en matière de voix, et les demandes de brevet de Microsoft pour un système de doublage automatique, ne devraient pas les rassurer.

2 Trois applications de l’IA à surveiller

IA générative: génère des textes, images, sons ou vidéos à partir d’instructions afin d’apporter une aide à différentes phases de la production (par exemple, elle peut aider les scénaristes à passer du traitement au scénario complet, créer des images pour bonifier un dossier de présentation ou même générer des patchs audio pour améliorer des entrevues d’une piètre qualité technique)

IA prédictive: fondée sur des algorithmes et de vastes bases de données, l’IA prédictive identifie des corrélations prospectives. Des plateformes d’IA prédictives comme Cinelytic, Largo ou Scriptbook, pour ne citer qu’elles, offrent l’analyse de scénarios, des prévisions financières et d’entrées en salle ou des analyses de distribution. Elles aident les producteur·trices à prendre des décisions éclairées, par exemple  quant aux marchés internationaux où leur contenu pourrait avoir du succès, sur la distribution susceptible d’attirer les publics, sur des bandes-annonces adaptées selon les régions, etc.

Systèmes de recommandation dirigés par l’IA: ces systèmes se basent sur des algorithmes qui apprennent du comportement des utilisateur·trices. L’algorithme tient compte de données telles que l’historique et les habitudes de visionnement, la localisation, les profils des personnes (par exemple, s’agit-il d’un ménage avec enfants ou non), etc. Ces systèmes permettent aux plateformes vidéo (ou à d’autres types de sites Web ou d’applications, dont les téléviseurs intelligents) de mieux les comprendre et éventuellement de leur offrir des suggestions (et des publicités) sur mesure.

Une chercheure montréalaise leader dans la recherche sur l’impact environnemental de l’IA

La chercheure montréalaise Sasha Luccioni s’affaire à sensibiliser les gens aux répercussions de l’IA sur l’environnement. Responsable du volet Climat pour la jeune entreprise newyorkaise Hugging Face, Luccioni et son équipe surveillent les émissions de carbone de diverses pratiques numériques, dont l’IA. L’équipe a d’abord développé un calculateur en ligne estimant les émissions de carbone en fonction de l’équipement utilisé, de son temps d’activité et de sa localisation. Cette première étape a contribué à la création de codecarbon, la version en temps réel du calculateur initial, capable d’offrir des estimations de l’empreinte carbone de modèles d’IA.

NOTES

  1. « Canadian TV, film, music industries ask MPs for protection against AI » (CP24, 12 février 2024). https://www.cp24.com/news/canadian-tv-film-music-industries-ask-mps-for-protection-against-ai-1.6765778
  1. « Making an image with generative AI uses as much energy as charging your phone » (MIT Technology Review, 1 décembre 2023). https://www.technologyreview.com/2023/12/01/1084189/making-an-image-with-generative-ai-uses-as-much-energy-as-charging-your-phone/

Le virage vert: À la recherche de mesures durables pour l’industrie

Les pratiques éco-responsables prennent de l’ampleur dans l’industrie. Comment faire encore mieux?

Par Corinne Darche
Coordonnatrice, Prospective & innovation, Fonds des médias du Canada

Au cours des cinq dernières années, une immense prise de conscience environnementale a eu lieu, qui a mené à des changements et des initiatives dans toutes les industries. Déjà adoptées en cinéma et en télévision ici et là dans le monde, les pratiques environnementales durables ont bénéficié d’une exposition accrue.

Étant donnés les derniers défis auxquels l’industrie doit faire face, à l’instar de la hausse des taux d’intérêt, il est intéressant de voir où en sont les initiatives de développement durable en 2024.

Présentement, les productions canadiennes sont invitées à utiliser des calculateurs de carbone et à déclarer leur empreinte environnementale pour avoir accès à certaines mesures incitatives. Ces données sont également très utiles pour les rapports sectoriels et la recherche.

Ainsi, le film québécois La Meute a calculé ses émissions de carbone tout au long de son cycle de production en 2022. Au total, le film a généré 102,33 tonnes de CO2, ce qui équivaut à 350 000 kilomètres dans une voiture de taille moyenne. Le transport, les matériaux et les lieux de tournage sont les variables ayant eu le plus d’incidence sur le bilan (graphique 4.1)1.

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Pour réduire les émissions de carbone sur les plateaux, il existe bien sûr des petites actions du quotidien, comme recycler, utiliser des génératrices électriques ou embaucher des traiteurs s’approvisionnant localement.

Mais d’autres solutions se déploient à plus grande échelle, comme la production virtuelle. Avec des technologies d’immersion comme les casques de réalité virtuelle (RV), les équipes créatives peuvent réaliser des prototypes numériques et même faire du repérage. Cependant, bien que ces technologies soient essentielles pour réduire la pollution générée par le transport et les matériaux 2, on accorde peu d’attention à leur impact environnemental. En effet, les émissions produites par les serveurs requis par les outils de production virtuelle sont souvent reléguées au second plan3.

Les crédits d’impôt sont aussi fréquemment considérés comme un excellent incitatif à l’adoption de mesures durables. Les États de la Californie et de New York, par exemple, proposent des programmes gouvernementaux, et les productions hollywoodiennes ont récemment commencé à bénéficier d’un crédit d’impôt fédéral pour les énergies vertes 4, 5.

Toutefois, ces outils et mesures incitatives suffisent-ils?

Lorsqu’on demande aux sociétés de production quels sont les défis d’un plateau écologique, les réponses sont franches : dans un sondage soumis à plus de 300 producteur·trices dans le monde, plus de la moitié a affirmé que la durabilité n’était pas un enjeu. De plus, 56 % ont cité les coûts élevés et près de 70 % ont mentionné le manque général d’information sur les avantages comme facteurs dissuasifs à l’adoption 6. Vous trouverez plus de détails dans le graphique 4.2.

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Au Canada, cependant, le secteur exprime haut et fort le besoin de solutions environnementales efficaces et la nécessité de faire de la sensibilisation. En Colombie-Britannique, plus de 40 productrices et producteurs en cinéma et en télévision ont rejoint Producing for the Planet, une coalition qui sera lancée en 2025 pour promouvoir la durabilité 7. Dans son dernier rapport, Ontario Green Screen insiste sur l’importance d’adopter des pratiques durables dans la province, particulièrement alors que de plus en plus de productions hollywoodiennes choisissent de tourner dans la région de Toronto 8.

L’intérêt de l’industrie pour la durabilité est bien réel; les nombreux rapports et organisations environnementales en sont la preuve. Il n’existe toutefois pas de solution universelle.

Or, les cas de figures sont nombreux et variés: séries télé ou longs métrages, fiction ou documentaire, les genres et formats sont autant de facteurs ayant des répercussions sur l’empreinte environnementale d’une production, au même titre que les lieux de tournage. De la même façon, filmer en 4K plutôt qu’en 1920×1080, le format de livraison classique, exigera davantage de données, donc plus d’énergie 9.

Compte tenu des nombreux facteurs à prendre en considération, du manque d’indicateurs et de mesures fiables, et des multiples facettes de notre industrie, il n’est pas surprenant que nous n’en soyons qu’aux prémices du virage vert. Néanmoins, notre secteur a fait preuve de créativité dans la mise en œuvre d’initiatives et de formations visant à favoriser le changement. Des changements structurels aussi importants ne se feront toutefois pas du jour au lendemain. C’est pourquoi nous devons adopter une approche à long terme, étayée par une planification solide et des étapes bien définies. Nous devons également sensibiliser les gens de l’industrie à leur impact sur l’environnement et comment celui-ci peut être atténué grâce à des actions concrètes. Le meilleur moyen d’inciter les gens à adopter des changements est d’en montrer la pertinence.

NOTES

  1. « Étude de cas – La Meute : Calcul de l’empreinte carbone d’un long métrage québécoise » (On tourne vert, janvier 2023). https://ontournevert.com/wp-content/uploads/2023/04/Rapport-La-Meute-Telefilm-Francais1.pdf.
  2. « What is Virtual Production? An Explainer & Research Agenda » (University of York, hiver 2023). https://xrstories.co.uk/wp-content/uploads/2023/01/What-is-VP-final2.pdf.
  3. « What is Virtual Production? An Explainer & Research Agenda » (University of York, hiver 2023). https://xrstories.co.uk/wp-content/uploads/2023/01/What-is-VP-final2.pdf.
  4. « Sustainability Survey Reveals Blind Spots to Cleaning Up Studio Shoots » (Variety VIP+, 28 février 2024). https://variety.com/vip/studio-production-sustainability-survey-reveals-execs-know-what-needs-fixing-1235919475/.
  5. « Travis Kelce’s Debut as a Film Producer Is Also the First Movie Financed Using President Biden’s Green Energy Tax Credits (EXCLUSIVE) » (Variety, 13 février 2024). https://variety.com/2024/film/news/travis-kelce-my-dead-friend-zoe-financed-energy-tax-credits-1235908057/.
  1. « Sustainability Survey Reveals Blind Spots to Cleaning Up Studio Shoots » (Variety VIP+, 28 février 2024). https://variety.com/vip/studio-production-sustainability-survey-reveals-execs-know-what-needs-fixing-1235919475/.
  2. « Canadian film and TV producers form new climate change coalition in B.C. » (The Vancouver Sun, 2 février 2024). https://vancouversun.com/news/local-news/canadian-film-and-tv-producers-form-new-climate-change-coalition-in-b-c.
  3. « Ontario Film Industry Must Make Sustainability a Priority, Says Report » (The Hollywood Reporter, 25 septembre 2023). https://www.hollywoodreporter.com/movies/movie-news/sustainability-ontario-film-tv-report-1235598156/.
  4. « Could video streaming be as bad for the climate as driving a car? Calculating Internet’s hidden carbon footprint » (The Conversation, 8 décembre 2022). https://theconversation.com/could-video-streaming-be-as-bad-for-the-climate-as-driving-a-car-calculating-internets-hidden-carbon-footprint-194558.

De l’importance de la collecte de données démographiques dans l’industrie médiatique

Poser les foundations pour un paysage médiatique plus inclusif

Par Diego Briceño
Chef principal, Recherche sur les données EDIA, Fonds des médias du Canada

L’année 2020 nous a fait vivre un imposant soulèvement face au racisme et une pandémie mondiale qui ont mis en évidence des inégalités, incitant des médias à travers le monde à réévaluer leur soutien aux « communautés sous-représentées ». Les médias canadiens avaient déjà mis en œuvre des mesures d’équité entre les genres et des programmes pour la création autochtone. Néanmoins, les changements sociétaux alors en cours réclamaient une approche plus structurée et approfondie de collecte de données.

Des systèmes d’auto-identification

Divers systèmes de collectes de données sont utilisés à travers le monde. L’outil Diamond, qui recueille des données démographiques auprès de six diffuseurs au Royaume-Uni, analyse ces chiffres depuis 2016 1. The Everyone Project a quant à lui commencé en 2021 à rassembler des données exhaustives sur l’industrie australienne 2.

Chez nous, le Fonds des médias du Canada (FMC) a lancé son système PERSONA-ID en 2022 aux fins de ses propres programmes 3. Téléfilm Canada, CBC/Radio-Canada et d’autres lui ont emboîté le pas peu après en introduisant leurs propres méthodes.

Chaque système a ses objectifs fondamentaux qui requièrent différentes méthodologies. L’approche du Canada repose sur des données recueillies au moment de la soumission d’une demande de financement afin d’établir l’admissibilité des candidat·es au programme concerné. Ces chiffres sont aussi utilisés pour répondre aux exigences de diversité, notamment pour CBC/Radio-Canada. À l’inverse, Diamond et The Everyone Project recueillent leurs données après la production à des fins statistiques, sans qu’elles n’influencent directement les décisions immédiates sur le financement.

Chacun de ces systèmes se concentre également sur des aspects différents. Le Canada met l’accent sur les postes clés — scénarisation, réalisation, production, et actionnaires dans le cas du FMC — alors que d’autres pays analysent davantage de postes. Les marqueurs d’identité peuvent se ressembler, mais comme chaque système utilise différentes étendues et approches d’analyse, dresser des comparaisons internationales et tirer des conclusions s’avèrent difficile.

Que disent les chiffres?

À l’échelle mondiale, le genre demeure un point central de la collecte de données.

Diamond a l’avantage d’avoir suivi les tendances longitudinales pendant six années complètes. Ses études montrent que, même si la représentation des femmes œuvrant derrière l’écran est supérieure à 50 %, il y a eu des fluctuations qui témoignent de dynamiques plus larges de l’industrie, comme la demande du marché du travail ou l’impact économique de la pandémie 4.

Au Canada, de 2022 à 2023, d’après le FMC, 40 % des rôles clé dans les programmes linéaires étaient occupés par des femmes, soit à peine le seuil minimal fixé par les mesures d’équité entre les genres (graphique 4.3). Le FMC a également constaté un manque de représentation des femmes dans le contenu interactif.

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La visibilité autochtone est un autre enjeu de premier plan au Canada et en Australie, qui plus est dans un contexte historique important.

De 2021 à 2022, à l’aide de repères démographiques pour mesurer le succès de ses programmes, l’Australie a rapporté 4 % de représentation autochtone dans les postes de production (graphique 4.4). Le FMC rapportait de son côté 9 % de représentation autochtone dans des postes clés dans les contenus linéaires qu’il a financés. Sans mesures communes, la comparaison s’avère ineffective.

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Les catégories ethniques et raciales ont fait l’objet d’une attention particulière à la suite de 2020. Le FMC remarque que les communautés racisées apparaissent à hauteur de 18 %, et que les personnes afrodescendantes sont particulièrement présentes. Cela peut être le signe d’un changement dans la dynamique de l’industrie ou de l’efficacité du militantisme des communautés.

Au Royaume-Uni, on observe une tendance similaire de la représentation afrodescendante.

Quant aux communautés 2SLGBTQIA+, leur visibilité au-delà de 16 % est considérée comme forte dans les industries britannique et australienne (graphiques 4.5 et 4.6). Inversement, les personnes vivant avec un handicap demeurent sous-représentées, soulignant un besoin d’efforts ciblés.

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L’avenir de la représentation médiatique

Le suivi à long terme et la collecte constante de données sont essentiels pour détecter les tendances démographiques et pour orienter le développement de politiques d’égalité. Le fait d’instaurer des normes nationales et mondiales harmonisées faciliterait les collaborations entre organismes et entre pays. Cela renforcerait aussi les initiatives de coproduction et les pratiques de développement partagé de l’industrie.

Au Canada, nous peinons toujours à définir des variables communes sur la représentation à l’échelle de l’industrie. Une multitude de facteurs, dont les changements démographiques et l’évolution du marché du travail, expliquent ce défi.

Néanmoins, la quête d’une stratégie durable de collecte de données est essentielle à l’évaluation de l’incidence concrète des mesures d’équité, de diversité, l’inclusion et d’accessibilité, et à l’élaboration de politiques plus efficaces.

NOTES

  1. « Diamond – The 6th Cut Report » (Creative Diversity Network, 2023). https://creativediversitynetwork.com/wp-content/uploads/2023/07/Diamond-The-6th-Cut-July2023.pdf.
  2. « Everyone Counts Report » (Screen Diversity and Inclusion Network, 2022). https://www.sdin.com.au/wp-content/uploads/2022/10/SDIN-Everyone-Counts-Report.pdf.
  1. « Demographic Report » (Fonds des médias du Canada, mars 2023). https://cmf-fmc.ca/fr/document/2022-23-rapport-demographique/.
  2. « Diamond – The 6th Cut Report » (Creative Diversity Network, 2023). https://creativediversitynetwork.com/wp-content/uploads/2023/07/Diamond-The-6th-Cut-July2023.pdf.