Le Fonds cible de nouveaux sommets

Le Fonds des médias du Canada, c’est une décennie de création, d’histoires et d’innovation. Le vice-président des communications et de la promotion de l’organisme vous invite à souffler avec lui les dix bougies du FMC.

La vie est parfois imprévisible! En janvier, lorsque le Fonds des médias du Canada a commencé à organiser les festivités entourant son dixième anniversaire, jamais mes collègues et moi n’aurions imaginé qu’une pandémie paralyserait tout le milieu culturel.

Dès la mi-mars, il a fallu réajuster le tir et s'attaquer à des dossiers urgents. Comment soutenir notre industrie dans un contexte économique moribond? Que faire pour aider les artistes et artisans de la télévision et des médias numériques? Peuvent-ils poursuivre la création?

Rapidement, nous avons lancé un hub d’information en ligne, entièrement bilingue, pour aiguiller les travailleurs et les entreprises du secteur audiovisuel. Y sont entre autres répertoriés des renseignements sur les mesures fiscales existantes et sur l’aide financière offerte à travers près de 200 fonds et programmes.

Puis, nous avons administré et distribué le Fonds d’aide d’urgence lié à la COVID-19 de plus de 100 millions de dollars, en supplément à notre budget annuel de 353 millions de dollars. Notre présidente et chef de la direction, Valerie Creighton, avait alors poussé un immense soupir de soulagement : « Nous avons été très chanceux d’avoir reçu cette somme du gouvernement fédéral. Nous avons pu commencer à fournir un allègement dans les 10 jours suivant sa réception. »

Avec le recul, la crise aura permis de montrer une fois de plus que le FMC est un acteur important au sein du secteur de l'audiovisuel. Même si tous les joueurs lui donnent des ailes, son soutien est d’autant plus crucial en cette période de fortes turbulences.

Petits écrans, grands succès
Depuis sa création en 2010, le FMC ne cesse de soutenir, promouvoir, développer et financer la production de contenus de chez nous à la télévision comme dans les médias numériques. Ses investissements, évalués à 1,4 milliard, ont été bénéfiques à la culture et à la santé économique du pays, car le secteur de la production audiovisuelle est une force économique majeure. L’an dernier, celui-ci a été à l’origine de plus de 180 000 emplois bien rémunérés et a contribué à hauteur de 12,8 milliards de dollars au PIB canadien.

Il suffit d’allumer le téléviseur ou d’activer un téléphone intelligent pour constater que l’organisme soutient plusieurs grands succès des petits écrans. Au Québec, on pense entre autres à La Voix et Révolution, les deux plus grandes compétitions de chant et de danse de la province, à la nouvelle mouture de Passe-Partout, qui a été l’une des productions les plus regardées à Télé-Québec l’an dernier, à Belle et Bum, le beau navire des grandes performances musicales… Et c'est sans compter toutes les séries dramatiques ou humoristiques aimées du grand public, de C'est comme ça que je t'aime à District 31, en passant par M’entends-tu? et Léo.

Ailleurs au pays, le FMC lutte contre la grande présence de productions américaines sur les ondes anglophones en finançant de populaires émissions d’ici comme Baroness von Sketch Show et Anne with an E. Il fait aussi rayonner le talent québécois dans les séries canadiennes-anglaises avec Transplant (qui met en vedette Laurence Leboeuf, Ayisha Issa et Patrick Labbé) et Cardinal (avec Karine Vanasse dans le rôle principal féminin).

Afin de répondre aux nouvelles manières de consommer la culture partout et en tout temps, le FMC soutient activement la création de contenus destinés aux plateformes numériques et à l’industrie du jeu vidéo. De là sont entre autres nées The Messenger, une œuvre de Sabotage Studio récompensée aux prestigieux Game Awards de 2018 ainsi que Smala, une application interactive du studio montréalais Tobo qui permet d’échanger dessins, photos et messages entre les membres d’une même famille. Plusieurs l’ont d’ailleurs utilisée pendant le confinement pour chasser l’ennui et se « rassembler » en toute sécurité.


District 31

Nos histoires voyagent
Les études le confirment : la télévision produite ou coproduite au pays jouit de l’un des plus hauts niveaux d’exportabilité au monde. Il n’est d’ailleurs pas rare d’apprendre dans les médias qu’une œuvre de chez nous a été récompensée ou vendue à l’autre bout du globe.

Pourquoi nos histoires voyagent-elles si bien? L’une des raisons est que la télévision de chez nous est rassembleuse et fidélise les auditoires. La comédie de situation Kim’s Convenience a, par exemple, remporté le titre de la fiction étrangère la plus populaire aux Seoul International Drama Awards, car des milliers de Coréens se sont identifiés à ses attachants personnages. La série humoristique Schitt’s Creek a, quant à elle, été qualifiée de « phénomène » par l’animateur Jimmy Fallon puisqu’elle a atteint 3,3 millions de téléspectateurs aux États-Unis et s’est imposée comme une franche réussite en termes de représentation LGBTQ2+.

L’autre explication est que des institutions, comme le FMC, favorisent moult ententes de coproduction avec des producteurs étrangers. Ce fut notamment le cas avec la très populaire série canado-irlandaise Vikings et la série documentaire Apocalypse: La 1ère Guerre mondiale, créée avec des talents d’ici et de la France.

Valerie Creighton explique la portée d’un tel rayonnement sans frontières : « À l’ère de la mondialisation, une nouvelle génération de talents issue de toutes les origines se fait connaître. Les histoires que nous racontons ici sont le miroir de notre identité. En plus de rejoindre des gens de partout, elles portent aussi notre vision du monde. »

La diversité sur nos écrans
À l’image de ces histoires, le FMC continue d’encourager la multiplicité des voix, la mixité culturelle et la parité des genres dans les emplois clés (scénarisation, réalisation, production, etc.).

Son Programme de diversité linguistique a notamment permis de financer Edge of the Knife (SGaawaay K’uuna), un drame tourné en haïda, un dialecte en grand danger de disparition. Son financement est aussi à l’origine de la création de plus de 600 projets de créateurs issus des communautés autochtones, dont Mohawk Girls. D’abord créée pour briser les tabous et les préjugés entourant la femme autochtone moderne, cette série anglophone gagne en popularité chez notre communauté chinoise depuis qu’elle a été traduite en mandarin!

En plus de fournir son soutien au Bureau de l’écran autochtone et aux anglophones de la Belle Province, le FMC veille aussi à ce que les jeunes francophones en situation minoritaire en aient plein la vue avec des contenus de qualité. Citons l’émission éducative Canot cocasse, produite au Manitoba, et Mehdi et Val, une série jeunesse concoctée à Ottawa qui aborde le dépaysement, les préjugés et les échanges culturels en faisant voyager ses personnages dans le temps.

Que ce soit sur nos écrans ou dans la vraie vie, des avancées ont été accomplies en matière d’inclusion et de diversité culturelle. Or, les événements en lien avec le décès de George Floyd et les manifestions contre le racisme rappellent qu’il reste beaucoup à faire. Il est même urgent d’inclure les communautés racisées dans la prise de décisions.

En ce sens, le FMC a réuni des cinéastes, activistes, producteurs et autres leaders noirs de notre industrie pour réfléchir aux changements qu’il doit apporter, le plus rapidement possible, à ses programmes et politiques (voir le question-réponse plus loin dans le magazine).

Que nous réserve la suite?
D’ici les prochains mois, le FMC devra à nouveau se retrousser les manches. « Rien ne sera plus comme avant dans l’après-COVID-19 », atteste Valerie Creighton. « Le visage de notre industrie a changé et continuera de le faire. C'est notre devoir d’encourager la création de contenus d’avant-garde, et ce, pas seulement dans un avenir rapproché, mais au cours des prochaines décennies. »

Pour son dixième anniversaire, le FMC souhaite donc de mettre en place de nouveaux outils qui continueront d’offrir aux auditoires d’ici et d’ailleurs des contenus qui nous ressemblent et nous rassemblent. Rien de tout cela ne pourra se faire sans un grand respect de nos créateurs et un esprit de collaboration avec les visionnaires d’aujourd’hui et les créateurs de demain. De quoi nous enthousiasmer pour les dix prochaines années!