Comment vendre à la planète entière : conseils de producteurs canadiens
Six conseils de deux exportatrices canadiennes de contenu télévisuel et numérique ayant connu un grand succès.
Avant l’avènement du monde de la TPC et des médias multiplateformes, créer une programmation destinée principalement au marché intérieur était le modèle à suivre pour de nombreux producteurs. Cependant, aujourd’hui, les frontières qui définissaient jadis les territoires respectifs des diffuseurs et des producteurs disparaissent. Par conséquent, les acteurs de l’industrie des médias sont confrontés à une nouvelle réalité, car ils peinent de plus en plus à gagner leur vie uniquement à partir des revenus qu’ils génèrent dans le marché canadien.
Les façons de faire du passé ne sont pas nécessairement compatibles avec ce que réserve l’avenir. Bien que certaines personnes soient réticentes au changement, un certain nombre de producteurs canadiens avant-gardistes prennent plaisir à saisir les nouvelles occasions qui s’offrent à eux.
Par exemple, Nelvana a récemment annoncé une nouvelle coentreprise avec Discovery Kids Latin America pour développer et diffuser du contenu linéaire et numérique à l’échelle internationale. Cette coentreprise couvre notamment les droits de propriété intellectuelle (PI) des marques et des produits dérivés.
Sur le continent africain, Vice a conclu un partenariat avec Econet, une société de télécommunications et opérateur de télévision payante, afin de poursuivre l’expansion de sa base de production de contenu axé sur les milléniaux qui sera distribué dans 45 pays d’Afrique. Vice compte également ouvrir des studios de production locaux à Johannesburg, Nairobi et Lagos.
Étant donné la nouvelle sensibilisation à l’importance de créer de la programmation pour le monde entier et non pas juste pour le Canada, la SODIMO a récemment tenu à Toronto une séance intitulée « Mondialisation » dans le cadre de sa série de petits-déjeuners numériques. Pour entendre l'enregistrement audio de cet événement, cliquez ici.
Maria Armstrong, productrice de l’émission à succès Love It or List It, et Anne Loi de DHX Media sont deux des exportatrices canadiennes de contenu télévisuel et numérique qui connaissent le plus de succès. Elles ont toutes deux été invitées à se prononcer sur la réalité médiatique mondiale.
1. Créez une émission qui résonnera auprès de tous
Maria Armstrong de Big Coat Media, productrice de l’émission sur la rénovation et la vente immobilières Love It or List It, a affirmé à l’auditoire qu’avoir une franchise internationale n’a jamais fait partie de son plan directeur. C’est quelque chose qui est arrivé de façon organique et l’émission de conception immobilière diffusée depuis 2008 est aujourd’hui présentée sur 149 territoires dans le monde.
Armstrong soutient qu’une des clés du succès mondial de l’émission est que, nonobstant le pays, les téléspectateurs se reconnaissent dans l’émission. En effet, tout le monde peut comprendre les délais, les dépassements budgétaires et les litiges avec des entrepreneurs qui surviennent souvent dans le cadre d’un projet de rénovation ou de revente.
2. Axez vos efforts sur le contenu pour enfants
Anne Loi de DHX Media, la boîte associée à des marques médiatiques pour enfants et familles comme Inspector Gadget, Degrassi, Teletubbies, Caillou et Peanuts, a fait valoir que plus l’auditoire auquel est destiné le contenu est jeune, plus il est facile pour DHX de trouver un partenaire international pour ce contenu. « Quand il est question de contenu pour adolescents ou préadolescents, c’est plus difficile, car ce contenu a une durée de vie utile plus courte », a expliqué Loi.
3. Créez du contenu adaptable à toutes les plateformes
Loi a fait mention que le fait d’éviter de créer du contenu destiné à une seule technologie ou plateforme médiatique en particulier ouvre plus de portes à DHX. Et, à l’opposé de l’expérience vécue par Armstrong avec Love It or List It, Loi a révélé que, pour DHX, la stratégie a toujours été de développer du contenu destiné à un auditoire mondial. « Nous n’avons jamais pensé en termes du Canada d’abord et du reste de la planète ensuite. »
4. Conservez vos droits
Cependant, avant de présenter du contenu médiatique à la planète entière, certaines décisions difficiles doivent être prises. Armstrong a expliqué que, dans le cas de Love It or List It, le plus grand défi au moment de négocier avec un diffuseur américain a été de conserver les droits de PI. « Il y avait un risque, c’est certain, a-t-elle avoué. Mais nous avons décidé de quitter la table. Il devient de plus en plus difficile de conserver la PI, mais c’était non négociable pour nous. »
5. Gérez les différences culturelles
Des questions de souplesse du format peuvent aussi être soulevées dans le cadre de négociations internationales, puisque des différences et sensibilités culturelles peuvent entrer en ligne de compte. « Nous exerçons beaucoup de contrôle sur le format », a expliqué Armstrong au moment de décrire une situation où un détenteur de droits du Royaume-Uni a proposé des modifications au format de Love It or List It.
« Le rythme devenait plus lent et le style de montage était différent, tout comme la façon dont le courtier immobilier mettait en marché la maison », a-t-elle fait valoir. Cependant, au final, une entente a été conclue à la satisfaction du courtier immobilier et la nouvelle version de l’émission est restée fidèle à la marque.
6. Visez à obtenir un panier de droits
Et qu’en est-il des impacts commerciaux de l’octroi de droits de programmation mondiaux à des plateformes de TPC comme Netflix?
Armstrong a affirmé que, selon son expérience, les acheteurs des plateformes de TPC cherchent à obtenir des droits mondiaux pendant un nombre fixe d’années, après quoi les producteurs disposent de la marge de manœuvre nécessaire pour conclure de nouvelles ventes.
Loi a souligné qu’une telle situation explique exactement pourquoi vous ne devez pas vendre les droits mondiaux de toutes vos émissions à une plateforme de TPC pendant une période fixe. « Vous voulez un panier de droits, car c’est ce qui vous donne plus de flexibilité. »
L’audio intégrale de l’événement Dialogue numérique d’octobre 2017 de la SODIMO, incluant des recommandations sur la participation à des marchés et des festivals ainsi que des conseils sur comment faire son entrée dans des marchés internationaux, se trouve ici.
Pour en savoir plus sur les occasions qui s’offrent aux producteurs canadiens dans des marchés internationaux, consultez la série de fiches d’information produites par le FMC en 2017, intitulée Votre marché est partout. Ces fiches portent sur la Chine, l’Inde, la Corée du Sud, l’Afrique du Sud, le Mexique ainsi que certains pays d’Afrique et d’Amérique du Sud. Pour y accéder, cliquez ici.