Des services à valeur ajoutée pour les plateformes de financement participatif

Au-delà de simples plateformes de sociofinancement, Ulule, Kickstarter et Indiegogo offrent de plus en plus des services complémentaires pour accompagner les créateurs pendant et après leurs campagnes.

Dans les nouveaux bureaux de type loft de la plateforme Ulule à Montréal, trois espaces différents se côtoient. Un endroit pour le personnel de l’entreprise fondée en France en 2010, un espace ouvert pour accueillir les invités et organiser les soirées ainsi que des bureaux réservés à ceux qui dirigent une campagne de financement participatif sur le site.

« Nous voulons offrir l’offre la plus en phase possible avec les besoins des porteurs de projets, et cet espace répond à un besoin », explique Alexandre Boucherot, fondateur et PDG d’Ulule. Un espace physique permet aux créateurs de travailler en groupe sur leur campagne dans un espace propice à la productivité, d’organiser des événements et d’avoir un accès direct à l’équipe d’Ulule.

Un outil de plus pour obtenir son financement

« Quand on a besoin d’aide pour adapter le ton d’un texte ou gérer une campagne, ils sont là, à deux mètres de nous. On a nos réponses instantanément », mentionne Sébastien Hotte, directeur de production pour le magazine Dossier, dont les cinq membres de l’équipe se sont rencontrés hebdomadairement dans les bureaux d’Ulule ce printemps pour mener leur campagne.

Même son de cloche du côté de Julien Brault, fondateur de l’entreprise Hardbacon, qui a levé près 70 000 $ plus tôt cette année. « Si tu as un problème technique, ça te permet de le régler tout de suite. Et le PDG est juste au côté de toi », illustre-t-il.

Pour Alexandre Boucherot, ce nouvel espace de travail a un autre avantage : « Le fait de travailler directement avec les créateurs nous permet à nous aussi d’en apprendre sur le déroulement des campagnes », explique le PDG.

Pour l’instant, seuls les bureaux montréalais de l’entreprise sont ouverts aux porteurs de projets, mais il n’est pas dit que l’expérience ne sera pas répétée, que ce soit à Paris ou à Toronto, au moment de l’expansion éventuelle de la plateforme au Canada anglais.

Une aide après les campagnes de financement

De plus en plus de projets sont aussi mis en place par les plateformes de financement participatif pour aider les entreprises après leur campagne. C’est le cas de Kickstarter.

« À l’automne dernier, un créateur nous a demandé si nous avions de l’espace dans nos bureaux pour qu’il puisse venir gérer l’emballage et la livraison de ses produits. Notre siège social à Brooklyn est très spacieux, alors nous avons dit oui. Ça fut vraiment utile pour lui, alors nous avons décidé d’ouvrir nos portes à d’autres créateurs pour un projet pilote », explique Carol Benovic-Bradley, responsable du programme « Creators-in-Residence » de Kickstarter.

Trois entreprises financées, qui œuvrent dans le documentaire et le jeu vidéo, utilisent donc les bureaux du géant américain pour organiser des visionnements, utiliser le matériel informatique de la plateforme et gérer les relations avec la presse. Ici aussi, l’apprentissage se fait des deux côtés, puisque les créateurs peuvent profiter de l’expérience de Kickstarter, et la plateforme peut en apprendre plus sur les difficultés des projets une fois leur financement complété.

« Ce n’est que la première itération du programme. Nous en apprenons plus présentement sur ce que nous pouvons faire pour aider les créateurs à mener à terme leurs projets, et nous allons nous rajuster en fonction de ce que nous pouvons offrir pour la prochaine cohorte », précise Benovic-Bradley.

Du côté d’Indiegogo, l’autre grande plateforme américaine, ce sont surtout les partenariats avec d’autres entreprises qui sont mis de l’avant pour aider les créateurs. Indiegogo permet ainsi aux entreprises financées de profiter des services de la société Arrow Electronics pour produire des appareils électroniques et d’avoir recours à Brookstone pour assurer la vente de gadgets dans les boutiques du détaillant.

Ulule a également élaboré un programme de vente au détail pour ses créateurs. « Nous avons une petite boutique à Paris, confirme Alexandre Boucherot. C’est un test, précise le PDG. Ça nous permet de voir si on peut être utile aux porteurs de projets de cette façon, mais aussi de donner une vitrine au financement participatif pour le public. »

Qu’ils aident les créateurs avant ou après leur campagne, les services à valeur ajoutée sont la suite logique du travail amorcé par les plateformes de sociofinancement il y a quelques années. « Ce sont des façons différentes de répondre aux besoins extrêmement multiples et larges des créateurs et des entrepreneurs », résume Boucherot.


Maxime Johnson
Maxime Johnson est un journaliste indépendant spécialisé dans l’analyse et l’observation des nouvelles technologies. Il signe une chronique dans le journal Métro et dans le magazine L’Actualité, en plus de collaborer à plusieurs magazines spécialisés comme Protégez-vous. On peut aussi l’entendre à la radio, notamment à l’émission La sphère sur les ondes d’ICI Radio-Canada Première.
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