Moteur, action, inclusion S2E1: Shyam Valera et Kashif Pasta
Le duo discute de la représentation, des plateaux de tournage inclusifs et de raconter des histoires en tant qu’immigrants de deuxième génération.
Dans ce premier épisode, la rédactrice en chef de Futur et Médias, Gaëlle Essoo, est rejointe par Shyam Valera et Kashif Pasta, des amis de longue date. Le duo a fondé Dunya Media, une boîte de production axée sur «la narration d’histoires BIPOC ayant un impact global». Le travail de Shyam et Kashif sur la représentation authentique comprend également une attention particulière aux équipes de tournage, à leur contribution et à leur bien-être sur les plateaux.
Shyam et Kashif ont grandi à Surrey, en Colombie-Britannique, l'une des villes les plus culturellement diversifiées au Canada, et se sont rencontrés à l’école secondaire il y a une vingtaine d'années. «[Surrey] est un endroit incroyable où il y a une très grande communauté sud-asiatique en particulier et où je ne me suis jamais vraiment senti comme une minorité», partage Kashif. «J'ai vraiment grandi dans cet environnement où je ne me sentais pas nécessairement super différent, ce qui nous a en quelque sorte donné cette étrange confiance culturelle, et c’est vrai aussi dans notre travail.»
Leur amitié est née notamment grâce à leur passion commune pour les films. Créer ensemble une boîte de production était une idée qu’ils avaient en tête depuis des années et Dunya Media est née de ce désir de «raconter des histoires BIPOC avec un impact mondial». Jusqu'à présent, ils ont produit ensemble la série web Welcome to Surrey, le court métrage Desi Standard Time Travel, réalisé par Kashif Pasta, de nombreux clips et publicités, entre autres projets.
Parlant de l’importance pour la première génération d’immigrants de ce pays de se voir à l’écran d’une manière significative, Shyam Valera a mentionné qu’il souhaite que son travail reflète la façon dont il perçoit ses propres parents et grands-parents: comme «de véritables forces de la nature». «La représentation est très importante pour nous», ajoute Kashif Pasta, «mais ce qui compte vraiment pour nous, c'est qui est au centre de l'histoire.»
Le duo a également expliqué qu’ils n’avaient aucune idée préalable de la façon dont les choses se passaient dans l’industrie, aucun d’entre eux n’ayant fréquenté une école de cinéma. Les obstacles et les barrières systémiques sont devenus évidentes au fur et à mesure qu’ils ont commencé à parcourir le chemin menant au financement, au développement et à la distribution des projets.
Selon Kashif, ne pas fréquenter une école de cinéma comporte son lot de défis, mais leur a également permis d'établir leurs propres règles lorsqu'il s'agissait de créer des plateaux de tournage inclusifs, où ils ont par exemple mis en place des pauses de prière pour les membres de l'équipe.
Interrogé sur ce qu'il aimerait voir évoluer dans l'industrie des écrans, Shyam Valera a parlé de la nécessité de prendre plus de risques et d’intégrer différentes voix et créateur·trices: «Il y a encore une vieille garde qui accapare une grande partie du financement, des ressources et une grande partie de la voix qui existe. Je pense qu'il y a beaucoup de nouveaux talents, pas forcément nouveaux d’ailleurs, mais des talents différents qui existent [...] J'espère donc que le système va s’aventurer un peu plus et consacrer plus de temps et de ressources à certaines de ces différentes voix.»