Moteur, action, inclusion S2E2: Loretta Todd, Doreen Manuel et Cease Wyss
Le trio de matriarches autochtones discute de l’adéquation naturelle entre la technologie immersive et la narration autochtone, des parallèles entre la nature et la technologie et de la formation continue.
Dans cet épisode, nous découvrirons le lien particulier entre la réalité virtuelle et la créativité autochtone grâce à Loretta Todd, cinéaste chevronnée qui a créé le laboratoire IM4, qui offre des microcrédits en apprentissage immersif aux créateurs autochtones. Nous serons rejoints plus tard par deux autres matriarches autochtones, d’abord la cinéaste et éducatrice Doreen Manuel, puis l’artiste multimédia et ethnobotaniste Cease Wyss.
«Il y a plusieurs histoires d'origine pour l'IM4 Lab», explique sa directrice créative Loretta Todd, qui a fondé le programme, offert en ligne avec des cours en personne à l'Université d'art et de design Emily Carr à Vancouver, il y a un peu plus d'un an. Cependant, toutes les histoires d’origine ont en commun la ferme conviction de Loretta Todd dans le pouvoir de bâtir une communauté et de rendre la formation, y compris la formation technologique de pointe, accessible à toute personne intéressée.
Elle ne voulait pas non plus voir l’histoire se répéter: «Quand je suis sortie de l’école de cinéma, on m’a dit: "Oh, eh bien, tu as besoin de plus de formation." [...] j’ai fait des films ou des séries, et j'ai embauché des équipes autochtones, à 75 %, voire à 100 %, même si l'industrie dit : "Oh, non, vous n'êtes pas là. Vous avez besoin de plus de formation. Vous n'êtes pas prêts." Je ne voulais pas que cela se produise avec ces nouvelles technologies.» Avec IM4 Lab, elle s’assure que les créateurs et créatrices autochtones soient là dès le départ et que l’enseignement de la technologie, gratuite et inclusive.
En ce qui concerne la gouvernance de l’organisation, Loretta Todd a immédiatement pensé à l’importance culturelle cruciale du travail collectif, «en cercle». À cette fin, elle a contacté trois matriarches autochtones, des créatrices et vétérans des médias: Doreen Manuel, Cease Wyss et Tracey Kim Bonneau. «En tant que créatrices de médias et conteurs, chacune d'entre elles a fait tellement de choses pour sa communauté et pour la communauté médiatique autochtone [...] aussi parce que je savais qu'elles étaient si brillantes, elles ont elles-mêmes fait un travail similaire, qu’elles seraient donc de bonnes guides.»
Doreen Manuel se montre tout autant inspirée par Loretta Todd, qu'elle qualifie de «visionnaire». L’un des plus grands atouts de la technologie virtuelle, selon Doreen Manuel, est qu’elle permet de raconter des histoires dans de multiples dimensions, ce qui en fait un choix parfait pour la narration autochtone, qui ne se limite pas aux trois dimensions, mais inclut également le monde des esprits, ce qui «ne peut pas vraiment être capturé entièrement dans le cinéma [...] Ainsi, lorsque nous examinons l'IA et la réalité virtuelle, ce sont des supports avec lesquels nous pouvons commencer à incorporer la véracité de notre histoire.»
Les parallèles entre les cultures autochtones, leurs modes de vie, leurs histoires et la technologie moderne ne s’arrêtent pas là. L'artiste multimédia et ethnobotaniste Cease Wyss estime que la façon dont les plantes, le sol, les graines et tout ce qui crée «des systèmes aériens, alimentaires et des médicaments pour nous» se connectent et travaillent ensemble est très similaire à «la façon dont nous traitons les données et les stockons»
Établir ce lien est crucial pour les jeunes autochtones en particulier, estime Loretta Todd. De cette façon, la technologie pourrait non seulement être perçue par eux et elles comme «un truc de gars blancs et occidentaux», mais plutôt comme «la façon dont la Terre s’exprime». «Nous pourrions adapter cela et faire en sorte que ces technologies servent également le même objectif dans nos vies.»