Shot Lister: zoom sur le développement d’une appli à grand succès

Entrevue avec Zach Lipovsky, créateur de l’appli à grand succès Shot Lister qui aide les cinéastes à « constituer, organiser, ordonnancer et partager des fiches de tournage »

Certaines des meilleures idées sont le fruit de moments d’inspiration soudaine. Il peut aussi arriver d’avoir une idée de génie pendant une nuit passée chez maman… Dans le cas de Zach Lipovsky, ce fut un mélange des deux. Ce cinéaste vancouvérois et sa mère, Sharon Bliss, avaient travaillé en production télévisuelle pendant des années. Lipovsky a eu l’idée du concept sur lequel repose l’appli Shot Lister pendant une nuit passée chez sa mère à la veille d’une journée de tournage d’un film.

« J’ai conçu un prototype rudimentaire [de l’appli] et tous les membres de l’équipe de tournage ont affirmé “C’est extraordinaire! Il faut que ça aboutisse à quelque chose, ce truc!” »

Avant Shot Lister, les réalisateurs imprimaient leurs fiches de tournage. Ils y apportaient des changements à la main tout le long de la journée, faisant en sorte qu’il s’avérait difficile de tenir le reste de l’équipe au courant des changements. En utilisant l’appli, les cinéastes peuvent préparer, suivre et modifier leur fiche de tournage à partir d’un ordinateur ou d’un appareil mobile.

« Dans le cas de la plupart des films, les temps évoluent en direct sur le plateau de tournage. On se trouve donc à devoir faire des calculs dans les marges d’une feuille de papier », explique Lipovsky.

L’appli Shot Lister fait tout le travail à votre place. Par conséquent, les cinéastes gagnent du temps et économisent de l’argent.

Développement de l’appli

Après avoir vécu l’expérience de l’appli et constaté combien facile elle rendait la production cinématographique, Lipovsky et Bliss ont pris la décision de travailler ensemble pour l’adapter au marché de masse. Lipovsky s’occupe du développement et de la gestion du projet au sein de l’entreprise, tandis que Bliss y veille aux activités d’exploitation et de marketing.

Ils ont passé les premiers mois à développer l’appli pour le système d’exploitation iOS et une version de l’appli pour appareils iPhone et iPad a été lancée en juin 2012. Le moment fut propice, car de plus en plus de cinéastes commençaient à adopter la tablette iPad sur les plateaux de tournage.

Néanmoins, il y avait toujours de nombreuses personnes à l’époque qui utilisaient un ordinateur portable ou un ordinateur de bureau, surtout dans le cas de productions de plus grande envergure. Lipvosky et Bliss savaient qu’ils devaient rendre leur appli compatible avec d’autres plateformes, et ce, rapidement. Heureusement, ils ont été approchés par Microsoft. Cette dernière leur a proposé l’idée de développer une version de l’appli pour PC et a même débloqué des fonds pour le développement et la mise en marché d’une telle version.

Une chance en or

Une fois la version pour PC prête, Lipovsky et Bliss avaient néanmoins un dernier obstacle majeur à surmonter. De nombreux cinéastes demandaient une version macOS de l’appli. (Il faut savoir que macOS est la plateforme la plus utilisée dans le domaine de la production cinématographique.)

Développer une telle version ne serait ni simple ni bon marché. Il fallait donc trouver de nouvelles sources de financement. En 2014, le Fonds des médias du Canada est entré en scène et a accordé à Lipovsky et Bliss un montant de 221 000 $ provenant du Volet expérimental.

« Chaque fois que vous créez quelque chose de nouveau, il y a cette crainte qu’une grande compagnie va sortir de nulle part et vous rayer de la carte. Donc, nous savions que nous devions étendre les capacités des plateformes pour maintenir notre avantage [concurrentiel] », affirme Bliss.

« Sans l’apport du FMC, il y a fort à parier que quelque d’autre aurait fini par développer une version macOS. Or cette version était fondamentale à notre croissance future. »

Alors que le développement de la version iOS de l’appli avait exigé quelques mois de travail, la version macOS s’est avérée encore plus ardue à développer pour la jeune entreprise. Les efforts ont cependant porté fruit et l’appli fut immédiatement accueilli à grands bras ouverts par l’industrie.

« Nous recevons des courriels de cinéastes de partout dans le monde, y compris de pays où on ne penserait pas d’emblée qu’une appli pour fiches de tournage trouverait preneurs. La plupart des gens qui utilisent l’appli – et j’ai vécu la même chose – me disent qu’ils ne savent pas comment ils faisaient pour gérer leurs activités de production jadis », ajoute Lipovsky.

Le succès récolté par l’appli et le lancement de sa version macOS a permis à l’entreprise d’embaucher ses propres développeurs pigistes au lieu d’impartir ses activités de développement à d’autres firmes. On compte entre quatre et cinq pigistes ayant chacun leur propre champ d’expertise, qu’il s’agisse de codage macOS ou d’assurance qualité.

S’attaquer au marché des films à grand budget

Au moment de son lancement initial, l’appli servait principalement à produire des films à petit budget, par exemple des films de courte durée et des vidéos musicales. Le fait de l’avoir rendue disponible pour un plus grand éventail de plateformes, dont surtout macOS, signifie que de plus grandes productions l’utilisent maintenant sur leurs plateaux de tournage. Lipovsky prétend que l’appli s’avère particulièrement utile sur de grands plateaux de tournage employant des milliers de personnes. Organiser le travail d’autant de personnes peut s’avérer un véritable casse-tête. Désormais, il suffit d’un simple clic pour transmettre tout changement à tout le monde en même temps.

« Vous disposez d’un outil qui vous permet de tout étaler sur la table et modifier. Ainsi, vous pouvez avoir confiance que l’information que vous lisez est exacte. Ça vous donne une plus grande capacité de vous concentrer sur ce qui compte vraiment et de perdre moins de temps sur le plateau », ajoute Lipovsky.

La stratégie de monétisation retenue pour l’appli combine deux modèles : le téléchargement à la carte et l’abonnement. En échange du paiement d’un frais de téléchargement unique, l’utilisateur accède aux options de base. Cependant, s’il veut bénéficier des fonctionnalités ajoutées, comme la possibilité de synchroniser son projet avec l’ensemble de l’équipage, il a la possibilité d’opter pour un abonnement annuel. Ainsi, des utilisateurs temporaires, par exemple des travailleurs de plateau embauchés pour une seule journée, peuvent utiliser l’appli Shot Lister en payant un frais unique.

Prochaines étapes pour Shot Lister

Malgré que l’appli Shot Lister sert à toutes sortes d’utilisateurs, Zach Lipovsky souhaite greffer de nouvelles fonctionnalités à l’appli.

Jusqu’à maintenant, l’entreprise a eu recours principalement au marketing organique comme le bouche-à-oreille. Ayant déjà mené une étude de marketing en ligne, Lipovsky et Bliss souhaitent maintenant étendre la portée de la campagne de marketing active de l’entreprise.

Le but que poursuit Lipovsky est de faire de l’appli une norme incontournable en matière de productions de petite ou de grande envergure pour tous les cinéastes. « Maintenant que l’appli a été adaptée à plusieurs utilisations, nous nous approchons de ce but. »


Le Fonds des médias du Canada attribue près de 350 millions de dollars au soutien de projets canadiens de télévision et de médias numériques. Pour en savoir plus sur nos programmes, visitez notre site Web.


Patrick Faller
Patrick est un écrivain et producteur créatif ayant une passion pour les industries canadiennes des médias, de la technologie et de la culture. Il compte de nombreuses années d’expérience comme journaliste télé, rédacteur de contenu professionnel et consultant artistique. Il est un adepte de conception numérique, de cinématographie, de jeux vidéo et d’entrevues menées auprès des créateurs multimédias qui contribuent à rendre le monde un lieu plus magique. Il habite Charlottetown, sur l’Île-du-Prince-Édouard, avec son copain et une ménagerie d’animaux, mais vous pouvez facilement le rejoindre via les médias sociaux.
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