FMC : 15 ans à nourrir la flamme
Des personnalités clés de l’industrie témoignent du rôle du Fonds des médias du Canada qui, depuis 2010, dépasse largement celui d’un simple bailleur de fonds.
En 2010, le Fonds des médias du Canada est créé avec à sa tête Valerie Creighton. Durant ces 15 années, l’organisation et sa présidente et chef de la direction ont travaillé à mieux servir l’industrie. Les défis ont été nombreux, qu’il s’agisse de l’émergence des plateformes numériques, de la multiplication des nouveaux services de diffusion ou encore de la concurrence des productions étrangères aux budgets colossaux. À cela s’ajoute la diminution du budget du FMC.
Même si tout n’est pas rose dans le monde de l’audiovisuel, le Fonds a tout de même financé plus de 19 000 projets linéaires, numériques interactifs et de développement de l’industrie durant cette période, générant plus de 24 milliards de dollars en retombées économiques pour le produit intérieur brut canadien.
Mais il y a plus, comme en témoignent ceux et celles qui ont été aux premières loges de son évolution.
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Le FMC et l’identité canadienne
Pour Charles Lafortune, premier vice-président, Contenu et création, à Pixcom, le rôle du Fonds ne se limite pas au financement de contenu : il touche directement à notre identité. « Je dirais même que sans le FMC, l’identité canadienne en prendrait pour son rhume. L’industrie au Canada, grâce au FMC, a réussi à faire du contenu qui parle aux Canadiens et qui parle des enjeux que vivent les Canadiens. »
Et il insiste : l’arrivée des plateformes numériques dans les 15 dernières années a bouleversé l’industrie, et le Fonds s’est adapté pour accompagner cette évolution.
Meneur de jeux
Le FMC, ce n’est pas seulement la télévision. Il soutient également l’innovant secteur des jeux vidéo, de la réalité virtuelle et augmentée et du contenu immersif et interactif.
Prem Gill, PDG de Creative BC, un organisme qui soutient le secteur créatif britanno-colombien, se plaît à le rappeler : « Le fait qu’il existe un programme national pour développer ces entreprises et organisations, créer de l’innovation et cette propriété intellectuelle au Canada est énorme. Avant le FMC, il n’y avait pas de structure centralisée pour ça. »
« Indépendant des plateformes : je pense que c’est l’une des grandes forces du FMC, renchérit Reynolds Mastin, président et chef de la direction de l’Association canadienne des producteurs médiatiques (Canadian Media Producers Association – CMPA). « Oui, il est question de télévision, mais aussi de toutes les autres plateformes de l’écosystème », ajoute-t-il.
Les cas d’Empathie et de North of North
Le financement manque pour donner vie à toutes les idées, mais il arrive que de petits miracles se produisent. Empathie est l’un de ceux-là.
Julia Langlois, associée et productrice de fiction à Trio Orange, se réjouit que la série récipiendaire du prix du public au prestigieux festival Séries Mania ait tant résonné ici et ailleurs dans le monde : « Le FMC donne des ailes aux créateurs, lance-t-elle. Il nous permet de rêver plus grand, de bonifier nos budgets pour faire en sorte que nos séries soient compétitives à l'international. Que la qualité de production soit à l'écran. Sans le FMC, nos projets n'auraient pas autant de souffle et n'auraient pas autant d'envergure pour compétitionner avec les autres projets qui sont à l'international. »
Malgré le fait que le processus pour appliquer aux programmes soit souvent jugé complexe, Huw Eirug, chef de la direction de la Nunavut Film Development Corporation, s’est senti accompagné pour une série initialement baptisée People, mais aujourd’hui connue sous le nom de… North of North.
![North Of North [Jasper Savage Photo Courtesy Of APTN CBC Netflix] 15](https://cmf-fmc.ca/wp-content/uploads/2025/11/North-of-North-Jasper-Savage-photo-courtesy-of-APTN-CBC-Netflix_15-960x640.jpg)
« En 2021, quand le FMC a accordé un financement au Réseau de télévision des peuples autochtones (APTN) et à CBC pour une toute nouvelle série humoristique, nous étions loin de nous douter qu’elle deviendrait un succès mondial », confie-t-il.
« Non seulement nous avons reçu le soutien et les encouragements de Valerie et de l’équipe du FMC, mais ils ont aussi pris le temps de nous rendre visite à Iqaluit pour mieux comprendre l’industrie et les défis auxquels nous faisons face », poursuit Huw Eirug.
Trouver une oreille attentive
Kerry Swanson, directrice générale du Bureau de l’écran autochtone (BEA), souligne l’écoute de l’organisation. « Aux premières étapes de sa création, le FMC – et Val en particulier – a entendu des producteurs autochtones exprimer le besoin d’avoir leur propre institution : une organisation dirigée par des Autochtones pour soutenir le contenu autochtone à l’écran au Canada », se souvient-elle.
« C’est elle qui a pris l’initiative de rassembler les diffuseurs et les bailleurs de fonds afin de réunir les ressources nécessaires pour le lancer, enchaîne Kerry Swanson. On avait vraiment besoin de ce champion institutionnel pour démarrer en force – et c’est exactement ce qui s’est passé. »
Force est de constater que le nom de Valerie revient souvent. Cette fois, dans la bouche de Tonya Williams, fondatrice et directrice générale du Reelworld Screen Institute : « J’ai rencontré Valerie Creighton pour la première fois il y a cinq ans, et elle m’a tout de suite demandé comment elle pouvait apporter des changements. Comment donner plus d’importance à la diversité? Comment apporter les changements législatifs nécessaires? […] Je me sens entendue quand je lui parle. Elle n’essaie pas de me ménager en me disant ce qu’elle pense que j’ai envie d’entendre. Elle fait réellement quelque chose qui m’aide », soutient-elle.
Et le Fonds doit continuer de défendre les genres sous-représentés, selon Reynolds Mastin, de la CMPA. « Autrement, tant d’émissions, de séries, de documentaires et de comédies n’auraient tout simplement pas été produits, dit-il. De grandes émissions n’auraient pas vu le jour. »