La vie des contenus riches et élaborés

Il y a un peu plus d'un an, le FMC dévoilait ses nouveaux principes directeurs, introduisant du même coup la notion de contenu « riche et élaboré ». Ce nouveau prérequis pour les composantes médias numériques du volet convergent en enthousiasmait certains... et en intriguait plusieurs. Alors que le FMC vient d'émettre son premier rapport annuel, il nous a semblé opportun de nous entretenir avec Francesca Accinelli, Directrice, marché anglophone – Administrateur des programmes du FMC à Téléfilm Canada, à propos de cette notion qui en a fait jaser plus d'un.

Lorsque le FMC a dévoilé ses nouveaux principes directeurs en avril 2010, les producteurs ont rapidement réagi à l'une des nouvelles exigences du Fonds, soit la désormais célèbre notion de projets « riches et élaborés », qui a certes fait beaucoup jaser. « Au départ, je crois que les gens avaient de la difficulté à saisir le concept, se rappelle Francesca. Et, pour dire la vérité, sans pouvoir miser sur des exemples concrets à l'appui de cette notion, nous-mêmes avions de la difficulté à leur en expliquer les principes.

Comme vous le savez, la télévision est un format établi avec des paramètres clairement définis. Dans le cas présent, la portée s'avérait beaucoup plus large. » À titre de rappel, il y a trois façons de se qualifier comme projet convergent: la composante MN liée à une émission de télévision doit être diffusée en ligne de façon non simultanée; diffusée via un service de vidéo sur demande détenant une licence du CRTC; ou encore — et il s'agit ici de l'option privilégiée du point de vue du FMC — avoir une composante média numérique « riche et élaborée » destinée à au moins une plateforme de diffusion autre que la télévision.

Toutefois, aucune « formule » précise ou élément concret ne permettait de caractériser un projet comme étant riche et élaboré. De l'avis de Francesca, faire preuve de créativité et sortir des sentiers battus signifie aussi être en mesure de s'adapter. « Nous tâchons de faire comprendre aux gens que nous accordons une certaine flexibilité, dit-elle. Cela revient toujours à savoir pourquoi. Pourquoi est-ce considéré comme étant riche et élaboré? Qu'avez-vous à offrir autre que des photos des vedettes de l'émission? »

Le FMC s'est donc donné pour mission première de rencontrer les intervenants de l'industrie afin de mieux saisir leurs attentes, au cas par cas. Les sites devenant de plus en plus riches, le Fonds a été en mesure de fournir davantage d'exemples. « Désormais, nous sommes en mesure de nous asseoir avec les diffuseurs et de passer leur site Web en revue en leur disant : "Cette composante MN est définitivement riche et élaborée, alors que celle-ci... pas vraiment", indique Francesca. Nous y avons consacré passablement de temps, autant avec les diffuseurs que les producteurs, et je crois que le jeu en a valu la chandelle. »  

Un enthousiasme inattendu

Lors de sa première année en activité, le FMC s'était fixé un objectif de 50 % en ce qui a trait au critère « riche et élaboré ». Or, à la fin de cette même année, sur quelque 486 projets financés, 65 % étaient accompagnés d'une composante riche et élaborée. Selon Francesca, un tel enthousiasme de la part de l'industrie face à la composante « riche et élaboré » génère des bénéfices tant pour l'auditoire que pour les producteurs — ce qui, d'ailleurs, était l'un des objectifs visés par le Fonds. « Nous tenions à ce que les producteurs voient plus loin que la simple promotion du volet TV, et que les diffuseurs saisissent eux aussi cette notion, dit-elle. Il faut comprendre qu'il est désormais possible de rejoindre l'auditoire de diverses façons. Les projets qui, à notre avis, se sont avérés "riches et élaborés" y sont réellement parvenus. Ces projets enrichissent l'expérience de l’utilisateur et la portée de l'auditoire, tout en créant une nouvelle dimension au projet. »

Souvent, cette nouvelle dimension s'appuie sur du contenu original qui demeurait autrefois inutilisé. « En ce qui a trait aux documentaires, par exemple, des centaines d'heures de scènes filmées n'ont pu se retrouver dans le produit final, observe Francesca. Il peut émaner de ces scènes une toute nouvelle vision, une histoire tout à fait différente à raconter. » Francesca croit que le fait d'avoir établi un critère « riche et élaboré » est aussi parvenu à convertir les diffuseurs. « Parfois, on rejoint d'abord l'auditoire via une plateforme numérique, pour ensuiteles amener vers la télévision, souligne-t-elle. Aussi, le numérique permet désormais de maintenir l'intérêt de l'auditoire entre les saisons de diffusion! Un contenu original offert de façon soutenue assure la fidélité de l'auditoire. On ne veut certes pas que celui-ci nous abandonne. La compétition est féroce et abondante, et lorsque nous n'avons plus rien à offrir, d'autres s'en chargeront. En ajoutant du nouveau contenu chaque semaine, en invitant l'auditoire à venir découvrir de nouvelles capsules vidéo ou s'adonner à un jeu-questionnaire, les producteurs s'assurent de leur fidélité. Et c'est exactement ce que nous cherchions à accomplir. »

Davantage de composantes, davantage de travail?

Francesca se rappelle qu'au départ, plusieurs producteurs croyaient que la notion de « riche et élaboré » se traduirait pour eux par davantage de travail. « Certains se sont dit : Oh, non! Je vais devoir apprendre à maîtriser quelque chose de complètement différent! , se souvient-elle. Ils pensaient devoir faire tout le travail — mais ce n'est pas le cas. Les producteurs interactifs n'attendent que l'occasion de faire équipe avec ceux spécialisés en production TV, afin de les aider à raconter leur histoire de façon différente. » La directrice croit fermement aux vertus de partenariats entre les producteurs en médias traditionnels et ceux spécialisés en médias numériques. « Je crois que ceux qui connaissent le plus grand succès sont ceux qui ont fait équipe avec des individus qui ont su les aider », croit-elle.

Écran de veille abordera à nouveau ce sujet au cours des prochaines semaines. Vous pouvez publier un commentaire sur cette page, ou encore communiquer avec nous par courriel pour nous faire part de vos questions, préoccupations ou réussites relatives à vos projets riches et élaborés passés, présents et futurs!

Quelques exemples de projets riches et élaborés:

Publié dans: Pratiques d'affaires

Tags: fmctélé


Catalina Briceño
Reconnue comme une communicatrice et mobilisatrice hors pair, Catalina Briceño accompagne depuis 20 ans des entreprises médiatiques et culturelles dans le développement et le déploiement d’initiatives de transformation numérique, d’innovation et de diversification. Parmi ses réalisations marquantes, mentionnons son rôle dans la croissance et le succès international des Têtes à claques (Salambo Productions) ainsi que la création et la direction du service de veille stratégique du Fonds des médias du Canada (2010-2018). Professeure invitée à l’École des médias de l’UQAM, elle partage aujourd’hui sa passion pour la veille stratégique et la réflexion prospective sur l’avenir de la télévision et des médias avec ses étudiants et ses collègues de l’industrie.
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