Le web, nouveau terrain de jeu de la réalité virtuelle
Est-ce que le futur de la réalité virtuelle passe par le web ? Plusieurs y voient une façon de populariser cette technologie auprès du grand public.
Le web et la réalité virtuelle pourraient devenir de plus en plus liés au cours des prochaines années, croit le géant Oculus. Dans une présentation lors de la conférence pour développeurs F8 à San José en Californie, la filiale de Facebook a d’ailleurs conseillé aux créateurs d’adapter, dans la mesure du possible, leur contenu en réalité virtuelle pour les navigateurs Internet.
L’entreprise a aussi prévenu les développeurs web qu’un nouveau concept émergerait bientôt : le design web adaptatif en réalité virtuelle.
WebVR : un moyen pour atteindre plus d’utilisateurs
Même si la réalité virtuelle fait de plus en plus parler d’elle, son succès demeure limité auprès du grand public. En attendant l’émergence de cette technologie, un standard lancé l’année dernière pourrait bien s’imposer comme compromis : le WebVR.
Le WebVR permet de créer des expériences qui peuvent être vécues en portant un casque dédié, comme l’Oculus Rift ou le Daydream de Google, mais aussi à partir d’un téléphone intelligent, en profitant de l’écran tactile et des capteurs de l’appareil mobile et sur un ordinateur, la souris permet alors de se diriger en 360 degrés.
« Offrir son contenu de réalité virtuelle sur le web est une façon d’atteindre des personnes autres que les premiers utilisateurs », explique Andrew Mo, gestionnaire de produit pour Oculus.
Pour Oculus, le WebVR pourrait bien devenir une sorte de cheval de Troie. « Quand le contenu est accessible partout, il est facile de le partager avec ses amis qui n’ont pas de casque et d’ainsi leur faire comprendre ce qu’ils manquent », croit le gestionnaire, qui estime qu’un cercle vertueux pourrait ensuite se créer, augmentant au passage la popularité de la réalité virtuelle.
Autre avantage du WebVR, ce standard est simple d’utilisation pour les développeurs. C’est encore plus vrai dans le cas de ReactVR, une nouvelle bibliothèque JavaScript ouverte publiée par Facebook, qui adapte automatiquement l’expérience en réalité virtuelle en fonction de l’endroit où elle est consultée, que ce soit à partir d’un casque dédié, d’un ordinateur ou d’un téléphone fonctionnant sous Android ou iOS.
Quelques expériences ont déjà été conçues à l’aide de ReactVR, comme une visite interactive du British Museum et un reportage en 360 degrés du New York Times que vous pouvez visionner ci-dessous.
Forces et faiblesses du WebVR
Le contenu en WebVR est facile à développer, même pour ceux qui en sont à leurs premières armes, et permet d’atteindre un public plus large que les seuls propriétaires de casques de réalité virtuelle. La technologie a toutefois ses limites et ce n’est pas forcément la meilleure option pour tous les projets.
« Pour les photos et les vidéos, le contenu en WebVR est aussi efficace que le contenu créé à l’aide des outils de développements de jeux vidéo, mais ce n’est pas le cas pour les scènes rendues en trois dimensions », précise Mo.
Une scène complexe, rendue en temps réel, pourrait ainsi être moins fluide en WebVR que dans une application dédiée, créée à l’aide d’outils comme Unreal ou Unity.
« Les scènes en 3D sont aussi plus difficiles à élaborer en WebVR pour l’instant », ajoute le gestionnaire. Alors que les outils de développement de jeux vidéo en 3D sont matures, les outils de développement en 3D pour le web en sont encore à leurs balbutiements.
Bref, tous les projets peuvent être conçus en WebVR, mais la technologie n’est pas encore au point pour les expériences en réalité virtuelle ayant un rendu 3D complexe.
Pour l’émergence d’un design web adaptatif en réalité virtuelle
Le WebVR permet d’adapter la réalité virtuelle au web, mais Oculus planche aussi sur de nouveaux standards visant l’inverse, soit l’adaptation du web à la réalité virtuelle.
La division de Facebook espère ainsi que l’actuel contenu web en 2D puisse s’afficher convenablement en réalité virtuelle, mais aussi « créer une expérience web plus immersive », explique Justin Rogers, responsable de l’ingénierie pour le navigateur web d’Oculus.
Une bonne partie du travail est réalisée en coulisses afin de s’assurer, par exemple, que les pages s’affichent avec un bon taux de rafraîchissement, que les contrôles sont intuitifs et que le texte est plus facile à lire qu’il l’est à l’heure actuelle.
D’autres nouveautés à venir nécessiteront toutefois un certain travail de la part des développeurs. Par exemple, une image en 360 degrés pourrait être ajoutée aux sites web et s’afficher tout autour des pages lorsque celles-ci sont consultées en réalité virtuelle plutôt que sur un ordinateur. « Une autre façon d’améliorer l’immersion est d’ajouter du son », estime l’ingénieur. Facebook développe aussi des concepts plus avancés, comme des objets 3D qui servent de raccourcis en réalité virtuelle.
L’arrivée sur le web d’éléments tridimensionnels et immersifs pourrait encore prendre des mois, voire des années dans certains cas. Celle-ci provoquera l’émergence d’une nouvelle forme de design web adaptatif, où les pages ne devront plus seulement s’adapter à un écran d’ordinateur, de tablette ou de téléphone, mais aussi à la réalité virtuelle.
« Il s’agit d’une vision que nous partageons avec Google, Microsoft, Mozilla et Samsung, et nous espérons pouvoir en faire un standard ouvert », précise Rogers.