Série Le prochain milliard : les efforts de Facebook pour brancher des pays en développement
Le prochain milliard est une série en trois volets qui examine l’incidence de la croissance phénoménale du monde connecté et les possibilités que crée ce monde. Lisez les 1er et 2evolets de la série.
Pour accélérer le branchement du prochain milliard d’internautes, des entreprises de services mobiles aux quatre coins du globe font l’expérience d’offrir des forfaits de contenu et de services numériques sans frais de données. Si on se fie aux résultats produits par les premières tentatives, l’initiative porte fruit.
À ce chapitre, Facebook marque le pas avec son initiative internet.org, qu’elle décrit comme un [traduction] « partenariat mondial entre des chefs de file technologiques, des organismes sans but lucratif, des collectivités locales et des experts qui travaillent tous ensemble pour donner accès à Internet aux deux tiers de la population mondiale qui ne sont pas encore branchés à la toile ». La principale prémisse de Facebook est la suivante : ce n’est pas parce que vous êtes propriétaire d’un téléphone connectable à Internet que vous allez nécessairement l’utiliser pour accéder à Internet. Il doit y avoir d’autres incitatifs pour utiliser son appareil mobile aux fins d’accéder à Internet.
Internet.org
Entrez dans le monde de l’application internet.org conçue pour les téléphones intelligents de plus bas de gamme. Il s’agit d’un ensemble de services et de contenus numériques qui varie d’un pays à l’autre, mais qui inclut systématiquement Facebook, Messenger, Wikipédia ainsi que des services de météo locale et de nouvelles locales. Guy Rosen, gestionnaire de produit pour internet.org, écrit [traduction] : « Plus de 85 % de la population mondiale habite un endroit où un service cellulaire est accessible, mais seulement environ 30 % de la population mondiale accède à Internet. Pour plusieurs, le coût et la connaissance sont d’importants obstacles à l’adoption d’Internet. Nous lançons donc aujourd’hui l’application internet.org afin de rendre Internet accessible à plus de personnes en leur donnant un ensemble de services de base gratuits. »
En amont du lancement de l’appli internet.org en 2013, Facebook a conclu un partenariat avec la plus grande société de télécommunications des Philippines afin d’offrir à ses 30 millions de clients trois mois d’utilisation gratuite de Facebook. Il appert que la société de télécom a réussi à doubler sa base d’utilisateurs du service de données mobiles et à augmenter ses revenus de navigation mobile et d’autres services de données de l’ordre de 42 %. Forte de ces données, Facebook étend maintenant la portée de son initiative en concluant des ententes avec des opérateurs en Afrique de l’Est.
En juillet 2014, Facebook a conclu un partenariat avec Airtel en Zambie en vue du lancement d’internet.org. Les services numériques offerts gratuitement aux clients de téléphonie mobile d’Airtel incluent AccuWeather, Airtel, eZeLibrary, Facebook, Facts for Life, Google Search, Go Zambia Jobs, Kokoliko, MAMA (Mobile Alliance for Maternal Action), Facebook Messenger, Wikipedia, WRAPP (Women’s Rights App) et Zambia uReport. Peu après, Facebook a signé une entente avec Tigo en Tanzanie et, le 30 octobre, l’application internet.org y a été lancée avec les mêmes services numériques et du contenu additionnel de BBC, The Citizen, le site de nouvelles de langue anglaise de la Tanzanie et Girl Effect de la Fondation Nike. En novembre 2014, internet.org a été lancée au Kenya avec un ensemble similaire de services ainsi que l’histoire à succès canadienne Wattpad que plus de 35 millions d’auteurs inconnus et publiés utilisent pour partager des articles, des récits, des fictions écrites par des fans et des poèmes sur n’importe quoi – que ce soit directement en ligne ou par l’entremise de l’application Wattpad.
Bien que la stratégie utilisée par Facebook semble efficace pour permettre à de nouvelles personnes d’utiliser leur appareil mobile pour accéder à des services Web, des critiques soulignent que l’initiative de développer chez un milliard de nouveaux utilisateurs l’habitude de consulter Facebook vise principalement à augmenter la base de clients de Facebook. Cependant, convaincre des sociétés de télécommunications partout dans le monde à proposer un ensemble de services et de contenus numériques de base à un marché comptant quelques milliards de personnes crée une occasion potentiellement lucrative dont pourraient bénéficier les créateurs de contenus et de services numériques.
De retour en Amérique du Nord
En juin, T-Mobile a lancé une initiative permettant aux abonnés d’accéder gratuitement (sans frais de données) à un certain nombre des services de musique en diffusion continue les plus populaires via Music Freedom. T-Mobile rapporte que [traduction] « ce service est très populaire depuis son lancement l’été dernier au point d’être devenu un argument de vente convaincant en faveur d’un transfert à T-Mobile ». T-Mobile rapporte également que dans le cadre d’un récent sondage mené auprès d’Américains utilisateurs de services mobiles, un utilisateur sur quatre a affirmé que le service Music Freedom à lui seul représentait la principale raison pour laquelle il a opté ou opterait pour T-Mobile. De plus, selon Facebook, depuis 2014, Facebook enregistre en moyenne plus de un milliard de visionnements de vidéos chaque jour; de plus, en l’espace d’une seule année, le nombre de vidéos mises en ligne par personne a augmenté de 75 % à l’échelle mondiale et de 94 % aux États-Unis. Ces chiffres témoignent de l’importance toujours croissante de Facebook dans la diffusion de contenu vidéo en ligne.
Prix d’entrée
Alors que des opérateurs partout dans le monde et Facebook méritent des félicitations pour leurs efforts de branchement du prochain milliard et les résultats qu’ils produisent, le prix d’entrée en vaut-il la peine? L’inclusion de ces forfaits de services constituera-t-elle la clé du développement de ces marchés? La prochaine Google ou Facebook sera-t-elle en mesure de prendre son envol dans un tel environnement? Mis à part les questions ésotériques sur l’avenir d’Internet, il est indéniable que de multiples fenêtres émergent pour le numérique en termes de contenu et de services ciblant le prochain milliard.