Balado Futur et médias ― La préproduction et les technologies, solutions aux restrictions imposées par la COVID-19

Dans le cadre du premier épisode de notre balado en version française, Catherine Mathys, directrice de la veille stratégique au Fonds des médias du Canada, s’entretient avec Marc Côté, président fondateur de la boîte montréalaise de services de production visuelle REAL by FAKE. Côté et son entreprise ont développé une expertise dans le domaine de la préproduction technique, qui permet aux productions de tourner avec des équipes restreintes et de réduire leurs coûts, entre autres avantages. Selon lui, miser sur les technologies et sur un travail approfondi à l’étape de la préproduction s’avère essentiel dans un contexte de restrictions imposées par la COVID-19.

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La production cinématographique et télévisuelle redémarre progressivement dans la plupart des pays où elle a été interrompue afin de freiner la propagation de la COVID-19. Or, si réalisateurs, producteurs et diffuseurs peuvent pousser un soupir de soulagement, il demeure que les tournages seront beaucoup plus compliqués qu’ils ne l’étaient avant mars 2020.

Les directives en matière de santé et de sécurité établies par diverses organisations de l’industrie, ici comme ailleurs, imposent souvent des limites quant aux équipes de tournage, au nombre de figurants et aux heures de travail. Ajoutez à ceci la distanciation sociale, les restrictions en matière de voyages et des mesures d’hygiène rigoureuses et il devient facile de comprendre que de nombreuses productions doivent retourner à la planche à dessin.   

Ingénieur de formation, Côté a travaillé sur plusieurs films et séries télé prestigieux, dont

Dallas Buyers Club, Wild, Big Little Lies, Sharp Objects, The Morning Show et Little Fires Everywhere. Il est d’ailleurs un proche collaborateur du réalisateur Jean-Marc Vallée. Depuis son incursion dans le monde de l’audiovisuel, Côté se consacre à optimiser la préproduction technique. En d’autres mots, il cherche à appliquer dès le début d’un projet une façon de penser propre à la postproduction et aux effets visuels.

Sans le savoir, son expertise allait éventuellement s’avérer fort utile dans un contexte de tournages en temps de pandémie.

L’expérience Dallas Buyers Club

Le long métrage Dallas Buyers Club en est un exemple éloquent. La production était aux prises avec des délais et un budget serrés ― et c’est avant que ce dernier ne soit coupé de moitié. Les producteurs ont alors privilégié une autre approche et misé sur une équipe réduite, un éclairage naturel et un tournage dont les voyages étaient restreints au studio et son stationnement. Des arrière-plans numériques seraient par la suite ajoutés en postproduction.

Selon Marc Côté, la production est parvenue à filmer jusqu’à 35% plus de matériel par journée de tournage de neuf ou dix heures maximum, et ce, sans véritables délais techniques sur le plateau. «On est capables de revoir les approches de tournage pour baisser les coûts de travail, explique-t-il, pour emmener l’histoire plus proche de la volonté de l’écrivain ou du réalisateur sans se limiter, sans devoir réécrire». Le reste de l’histoire est connu: le long métrage a obtenu des nominations dans les catégorie du meilleur film et du meilleur montage aux 86e Academy Awards, entre autres distinctions.

La même approche a été privilégiée sur d’autres films et séries de Jean-Marc Vallée, dont Wild, Big Little Lies et Sharp Objects. Le charmant café en bordure de l’océan à Monterey dans Big Little Lies? Entièrement recréé en studio et en images de synthèse. Le personnage de Reese Witherspoon qui partage le repas avec ses enfants? Les protagonistes ont parfois été filmés séparément.

Le modèle à suivre pour tourner en temps de COVID?

Ce qui, au départ, avait pour but de réduire les coûts de production et de contourner les difficultés liées à la disponibilité des comédiens pourrait désormais devenir la méthode à privilégier pour permettre les tournages dans un contexte de restrictions imposées par la COVID-19. Et la méthode s’applique aux tournages de grande comme de petite envergure.

«C’est vraiment une question de faire l’exercice, de faire le travail, d’être précis au niveau du design des scènes.», affirme Côté.

Des outils de conception de jeux vidéo pourraient aussi s’avérer utiles pour les productions. Des moteurs de jeu tel que Unity pourraient permettre aux concepteurs de jeux de créer des environnements photoréalistes pour les productions audiovisuelles ― une solution qui aurait un avantage additionnel sur le plan écologique, l’industrie cinématographique et télévisuelle étant réputée pour ses décors à usage unique. Il suffit de songer à la quantité de décors et autres matériaux qui sont jetés aux ordures une fois un tournage terminé…

«Je crois sincèrement à la collaboration, dit Côté. Il faut avoir l’esprit ouvert, il faut être capable, pour faire de la création, d’avoir cette capacité de trouver les nouveautés, de trouver les nouvelles façons de travailler. Un événement comme la COVID-19 ne nous donne pas le choix.»

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Dans cet épisode, vous en apprendrez davantage sur: 

  • L'approche développée par REAL by FAKE pour repenser les procédés de tournage (4:14)
  • La création de décors virtuels créés de toute pièce pour palier à des contraintes budgétaires (11:25)
  • Comment la préproduction technique peut remédier la question de la proximité entre les acteurs et les équipes (14:00)
  • Le rôle du secteur des jeux vidéo dans la relance des tournages télé et cinéma (18:48)
  • La nécessaire collaboration entre différentes factions de l'industrie audiovisuelle pour faire face à la crise de la COVID-19 (23:10)

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