Mages of Mystralia : le financement participatif comme outil de promotion

Une campagne tardive de financement participatif peut être l’occasion idéale pour mousser le lancement de son jeu. Cette stratégie s’est révélée gagnante pour le studio montréalais Borealys Games.

  • Type de production/projet : jeu vidéo (PC, PS4, Xbox One)
  • Période de financement : du 16 mars au 15 avril 2017
  • Montant sollicité : 25 000 $
  • Fonds levés : 234 238 $
  • Nombre de contributeurs : 4 912
  • Contribution moyenne : 48 $
  • Entreprise : Borealys Games

Le projet

Borealys Games est un studio de jeux vidéo indépendant situé à Montréal. Y travaillent des développeurs ayant travaillé pour des studios comme Ubisoft, Gameloft, Artifice, Ludia et Ankama.

Son premier jeu est Mages of Mystralia, dont l’histoire a été écrite par Ed Greenwood, le créateur de l’univers Forgotten Realms du jeu de rôle sur table Donjons et Dragons. Le jeu se démarque par la création de sorts, une mécanique unique dans un jeu d’action et d’aventure de ce genre.

Une campagne de financement participatif pour se faire connaître

La campagne de sociofinancement de Mages of Mystralia était particulière, puisque son but premier n’était pas d’amasser de l’argent, mais plutôt de créer un engouement autour de son lancement.

« Mages of Mystralia a gagné plusieurs prix dans les salons comme Pax, mais l’équipe trouvait qu’il n’y avait pas assez de bruit autour du jeu, surtout considérant sa qualité. Pour nous, une campagne de financement était un moyen pour le faire connaître, mais aussi pour créer une communauté qui pourrait tester le jeu avant son lancement et nous aider à le peaufiner », explique Chris Chancey, celui qui a mené la campagne de financement participatif.

La campagne Kickstarter s’est avérée un succès sur toute la ligne. Le nombre de visiteurs de la page Steam de Mages of Mystralia a explosé, plusieurs articles ont été écrits sur la campagne et Borealys Games a reçu plus de 230 000 $. Cet argent n’était pas nécessaire considérant l’état avancé du jeu et le financement déjà reçu du Fonds des médias du Canada, mais il a permis à l’entreprise d’ajouter des fonctionnalités qui avaient été abandonnées en cours de développement.

Mener une campagne tardive du genre n’est pas possible pour tous les studios, qui ont souvent besoin de l’argent levé pour compléter leur travail, mais la stratégie a de nombreux avantages, croit Chris Chancey. « Le jeu était pratiquement complété; il était donc beaucoup plus facile de le vendre. Ça simplifie aussi la tâche, puisque tout le contenu artistique nécessaire, comme les captures d’écran et les vidéos, est déjà réalisé. Nous avons d’ailleurs monté la campagne seulement en deux semaines, ce qui est très court », ajoute-t-il.

L’importante somme amassée illustre aussi le fait que les acheteurs se sentaient en confiance que le jeu allait vraiment être complété, ce qui n’est pas toujours le cas d’une campagne de financement participatif.

Aller chercher l’expertise nécessaire pour mener sa campagne de sociofinancement

Autre particularité intéressante de la campagne menée pour Mages of Mystralia, Borealys Games a choisi de confier la gestion de la campagne à un autre studio plutôt que de la gérer à l’interne comme c’est normalement le cas.

Même s’il a géré la campagne de Borealys du début à la fin, Chris Chancey est en fait le cofondateur et vice-président du studio montréalais ManaVoid. Sa carrière de consultant en financement participatif est née d’une façon plutôt impromptue. « Le PDG de Borealys Games, Louis-Félix Cauchon, est aussi mon ancien professeur, et il m’a demandé un soir par Facebook de l’aider. Le lendemain, on se rencontrait », se souvient le développeur. Borealys Games a ainsi pu profiter de son expertise et concentrer ses efforts sur le développement du jeu.

Le fait d’avoir déjà de l’expérience a beaucoup aidé Chris Chancey. « Lors de notre première campagne en 2014, nous avons appris à bien communiquer avec la communauté et à gérer l’après-campagne, explique-t-il. Nous avions aussi déjà une liste de presse assez longue, qu’on a pu ajouter à celle de Borealys pour rejoindre un bassin de journalistes encore plus grand ».

Cinq conseils pour une première campagne de financement participatif

Chris Chancey offre cinq conseils aux studios qui s’apprêtent à lancer leur première campagne :

  1. « Il est essentiel de préparer une bonne vidéo et de se présenter. La communauté ne veut pas seulement acheter un jeu d’une compagnie sans visage. Elle veut aider les gens derrière. »
  2. « Faites vos devoirs et ciblez des journalistes qui pourraient être intéressés par votre produit. Envoyez un courriel personnalisé à chacun d’eux. »
  3. « Ajoutez des GIF animés sur votre page Kickstarter et étalez-les partout sur la page. Quand ça bouge, c’est attrayant et ça incite les visiteurs à lire plus loin. »
  4. « Évitez de vous tirer dans le pied en vous procurant des récompenses trop coûteuses. Plusieurs studios perdent malheureusement de l’argent avec leurs récompenses. »
  5. « Résistez à la tentation de promettre la lune pour intéresser les gens. Il faut avoir des objectifs réalistes selon nos moyens, car la communauté Kickstarter peut vous aider, mais elle peut aussi se virer contre vous si vous ne livrez pas la marchandise. Ça peut tuer une entreprise. »

Industry & Market Trends | Veille stratégique
L’équipe de veille stratégique est composée de la directrice de la veille stratégique Catherine Mathys, des analystes Pierre Tanguay et Sabrina Dubé-Morneau, ainsi que de la coordonnatrice éditoriale Laurianne Désormiers. Ensemble, ils rédigent annuellement un rapport sur les tendances dans l’industrie de l’audiovisuel.
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