Médias et technologies en Inde

Les secteurs indiens des médias et des technologies sont uniques dans le marché mondial. Un récent rapport publié par le FMC présente les opportunités qui s’offrent aux entreprises de production de contenu télé et de jeu vidéo.

Un pays proposant 850 chaînes de télévision qui atteignent environ 500 millions de personnes? Vous êtes en Inde. Un pays où Netflix ne domine pas le marché de la diffusion vidéo en continu et où Amazon n’est pas le chef de file du commerce de détail électronique? Oui, vous êtes bel et bien en Inde.

Abritant une économie qui affiche un taux de croissance parmi les plus élevés de la planète ainsi qu’un des principaux écosystèmes technologiques au monde, l’Inde est un pays offrant un potentiel considérable aux producteurs étrangers cherchant à nouer de nouveaux partenariats et à saisir de nouvelles occasions.

Un grand marché très diversifié sur le plan linguistique

À l’heure actuelle, on estime que le pays est habité par 1,35 milliard de personnes et l’ONU prédit que la population de l’Inde aura dépassé celle de la Chine d’ici cinq ans.

De plus, c’est un pays très diversifié sur le plan linguistique. On y parle plus de 100 langues et, selon certaines estimations, plusieurs centaines de dialectes y sont parlés en plus de douzaines de langues officiellement reconnues.

L’effet surprenant des populations rurales sur les horaires de télédiffusion

L’Inde est aussi un pays caractérisé par un profond clivage urbain-rural. Selon des estimations de la Banque mondiale, environ deux tiers de la population vit à l’extérieur des centres urbains.

Fait intéressant, ce clivage entre les villes et les ruralités a eu une répercussion sur l’écoute de la télévision en Inde. Puisque de nombreux Indiens ruraux travaillent dans le secteur agricole, ils tendent à se coucher plus tôt afin de se lever plus tôt le lendemain matin.

Des diffuseurs astucieux ont donc modifié leurs horaires en conséquence pour devancer leur programmation de grande écoute diffusée en fin de journée. Prenez l’exemple du créneau de 18 h 30 occupé par des séries comme Bin Kuch Kahe (Zee TV) et Meri Durga (Star Plus).

La téléphonie mobile démocratise l’accès à Internet

Malgré le positionnement du pays comme un centre technologique de premier plan, à peine 10 % de la population indienne avait accès à Internet il y a à peine cinq ans. Depuis, le taux de pénétration d’Internet a augmenté considérablement et plus d’un tiers du pays (environ 450 millions de personnes) est aujourd’hui branché à Internet.

Cependant, l’accès à Internet est tout sauf uniformément réparti, particulièrement entre les deux sexes. Alors qu’entre 70 % et 75 % des Indiens ont accès à Internet, seulement de 20 % à 25 % des Indiennes peuvent faire la même affirmation.

La disponibilité de téléphones intelligents et de forfaits mobiles plus abordables commence à aplanir cette flagrante inégalité et, aujourd’hui, près de la moitié des 700 millions de téléphones mobiles au pays sont connectés à Internet.

Pourquoi le service Netflix traîne-t-il de la patte en Inde?

Le sort de Netflix est une autre particularité propre au paysage médiatique de l’Inde. Alors que le service de diffusion en continu compte aujourd’hui plus de 100 millions d’abonnés dans 200 pays, il se classe au cinquième rang pour ce qui est du nombre d’utilisateurs en Inde, derrière des concurrents nationaux et internationaux.

Et pour les années à venir, les perspectives des analystes ne sont pas très prometteuses pour Netflix dans le deuxième pays le plus populeux de la planète.

Quelques raisons expliquent cette difficulté à recruter des clients en Inde? La situation s’explique entre autres par le fait que l’Inde est un pays où les frais d’abonnement annuels à Amazon Prime donnent accès au service Amazon Video. Les clients d’Amazon Prime ne ressent donc pas le besoin de payer pour un service de diffusion en continu supplémentaire.

De plus, il existe plusieurs services comme l’indien Hotstar et Voot (Viacom 18) qui offrent un accès gratuit à des contenus locaux et occidentaux. Hotstar utilise un modèle « freemium » (le service génère la majorité de ses revenus grâce à des annonces publicitaires, mais les clients peuvent aussi s’abonner à un service payant pour accéder à du contenu exclusif), tandis que Voot repose sur un modèle entièrement financé par la publicité.


Leora Kornfeld
Jusqu’à présent, Leora Kornfeld a été vendeuse dans un magasin de disques, animatrice à la radio de la CBC, rédactrice de cas à la Harvard Business School, blogueuse et cruciverbiste chevronnée. Elle est actuellement consultante en médias et en technologies et travaille avec des clients américains et canadiens.
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