TENDANCES 2012: La curation de contenu dans les mains de l’utilisateur
En 2010, Eric Schmidt, ancien PDG de Google, a laissé tout le monde pantois en affirmant qu'on créait désormais plus de contenu en deux jours sur l'espace numérique qu'il n'en avait été créé jusqu'à maintenant depuis le début des temps. Cette surabondance de contenu est bien entendu caractéristique de l’espace numérique, mais le phénomène de la prolifération semble s’accélérer chaque année -- et en 2011, avec la domination de la vidéo en ligne et des réseaux sociaux dans l’espace médiatique et l’augmentation du taux de pénétration des téléphones intelligents et des tablettes électroniques, elle a semblé s'accélérer encore davantage.
Dans un tel contexte, personne ne mettrait en doute l’importance des moteurs de recherche et de recommandation, des sites d'agrégation de contenus et des outils de syndication de contenu. Cependant, une tendance qui gagne du terrain petit à petit depuis l’essor du Web social est aujourd’hui un fait incontestable : les médias sociaux ont fait de nous tous des « filtres et des diffuseurs de contenu » et, aujourd’hui, nous nous tournons d’abord vers nos cercles lorsque nous nous demandons quoi faire, quoi acheter ou quoi regarder .
De plus, la capacité de plus en plus répandue des réseaux sociaux – et surtout de Facebook – de se connecter à des plateformes de tiers (sites Web, services diffusés en continu, journaux, etc.) permet aux utilisateurs de centraliser leur partage de contenu. Cela crée un véritable écosystème où d’un côté nous sommes appelés à devenir curateur et de l’autre utilisons notre univers social pour décider quel long-métrage ou quelle émission télévisée nous allons regarder, quel produit nous achèterons, quel article nous lirons et ainsi de suite. Dans ce que Steve Rubel qualifie de l’ère de la validation, « les internautes commencent à “trouver le signal dans le bruit” et ne conservent que l’information et les personnes qui comptent le plus pour eux en ligne ». Le modèle de Rubel dépend de quatre cercles d’intervenants influents : les médias traditionnels, les médias tradinumériques (« tradigital media »), le contenu exclusif et les réseaux sociaux.
Nous estimons que le pouvoir d’influence dans l’espace de la "curation" des contenus se déplacera de plus en plus vers les utilisateurs individuels et leur cercle social. Pour l’industrie de la télévision, cette tendance à la « curation sociale » gagne du terrain depuis 2010. La « télévision sociale » poursuivra son essor grâce à Twitter, à la télévision connectée et à l’adoption croissante des applications de médias sociaux qui permettent aux utilisateurs de suivre leur émission préférée et commenter en temps réel (ex. : Getglue, Miso, Into_Now étant les plus populaires).
En novembre 2011, Seth Shapiro a fait très clairement valoir ceci, en prenant la parole au congrès MergingMedia à Vancouver : « Certaines personnes commencent à se réunir autour d’émissions télévisées afin de mieux interagir dans les médias sociaux : la conversation (sur Twitter et Facebook) portant sur une émission donnée est devenue plus divertissante que l’émission elle-même.» Pour les télédiffuseurs, les éditeurs et les propriétaires de marque, il a ajouté le conseil suivant : « Si vous ne le faites pas dans les médias sociaux, vous ne le faites pas bien. »