Une liste de souhaits pour 2025

Pour souligner les célébrations de fin d’année, Futur et médias a récemment demandé à des créatrices et des créateurs de parler de leurs traditions cinématographiques et de leurs films favoris du temps des fêtes. Tandis qu’on voit poindre 2025 à l’horizon, nous avons demandé à un autre groupe de personnes de révéler à notre lectorat ses espoirs et ses souhaits pour l’année qui vient. Plus d’occasions d’accéder au financement, une meilleure accessibilité pour les créatrices et créateurs en situation de handicap, un état d’esprit renouvelé : nos artistes aspirent à bouleverser le paysage médiatique canadien. 

SHAZIA JAVED

(Réalisatrice et productrice de Potluck Ladies, fondatrice de LifeSketch Media)

J’aimerais voir les grands diffuseurs réellement soutenir des projets canadiens, pour que nous puissions continuer à raconter nos histoires et à jouer à forces égales avec la concurrence à l’échelle internationale. J’aimerais également que la diversité et l’inclusion ne soient plus des détails auxquels on pense après coup, mais plutôt qu’elles fassent partie intégrante du processus d’embauche à tous les niveaux dans l’industrie !

En tant que productrice, je suis ravie que la promotion de nouvelles voix fasse partie de notre mission. Nous prévoyons d’ailleurs d’agrandir notre équipe à LifeSketch Media. En tant que scénariste et réalisatrice, j’espère pouvoir commencer le processus de production d’un long métrage que nous sommes en train d’élaborer. Nous travaillons également à trouver du financement pour une courte série dans le genre thriller. On envisage l’année à venir avec enthousiasme !

JOSIANE BLANC

(Scénariste, réalisatrice et productrice de Ainsi va Manu)

L’année qui se termine a été très difficile pour beaucoup de gens au sein de l’industrie, les artistes comme les membres des équipes de tournage. Le ralentissement de la production a également entraîné une augmentation de la demande pour du contenu que je qualifierais de « sûr » ou de « traditionnel ». Alors pour 2025, je nous souhaite à tous et toutes une reprise soutenue de l’activité au sein de notre belle industrie, mais je nous souhaite aussi une industrie qui regorge de projets novateurs et ambitieux. Nous devons continuer à repousser les limites et à faire preuve d’audace, car le public canadien est diversifié et il a soif d’un contenu créatif authentique qui parle autant à son cœur qu’à son esprit. 

J’ai de la chance, car 2024 a été une année chargée pour moi, avec la postproduction et les lancements consécutifs de deux séries et de deux documentaires. Pour l’année à venir, je suis très enthousiaste à l’idée de d’élaborer de nouveaux projets avec divers créateurs et créatrices, et de toucher à des formats et à des genres que je n’ai pas encore explorés. J’aime me lancer des défis; ainsi, les choses restent amusantes, fraîches et passionnantes ! Mon souhait pour 2025 est d’accomplir à Montréal, ma ville natale, ce que j’ai accompli en Ontario. 

MICHAEL MABBOTT

(Réalisateur de Any Other Way: The Jackie Shane Story)

Un seul mot : optimisme. Je ne veux plus entendre parler de morosité. Je veux de l’optimisme. Et du courage. Un optimisme courageux.

WINNIE LUK

(Directrice administrative de l’Office de la représentation des personnes handicapées à l’écran)

Pour 2025, j’entrevois l’adoption de nouveaux modèles d’inclusion et la création de mandats à l’échelle de l’industrie qui tiendront les équipes de production, les studios et les diffuseurs responsables des pratiques d’accessibilité. 

Nous travaillons à opérer un changement culturel au sein d’un secteur profondément conservateur, où les productions véritablement inclusives et accessibles sont encore un nouveau concept pour beaucoup de gens. Toutefois, j’ai vu des productions commencer à embrasser ce changement, à proposer des journées de travail plus courtes, à offrir plus de flexibilité et à prioriser les personnes plutôt que les profits.

Je crois qu’en adoptant des mesures audacieuses et des approches novatrices, et qu’en mettant en place des changements systémiques, l’industrie canadienne de l’écran parviendra à véritablement refléter notre société, incluant les 27 % d’adultes en situation de handicap. Le Canada peut devenir un leader dans ce domaine et prendre de l’avance plutôt que de rester à la traîne.

AMAR WALA

(Scénariste et réalisateur de Shook)

Mon plus grand souhait est que le FMC et Téléfilm parviennent à trouver plus de façons de collaborer pour simplifier les demandes de financement et la livraison des projets pour les cinéastes. La frontière entre les projets conçus pour les salles de cinéma et pour la diffusion en continu est de plus en plus floue. Il est donc impératif de mettre en place des processus plus nets pour la production des longs métrages réalisés en collaboration avec les deux organismes. 

SASHA BOERSMA

(Cofondatrice et productrice à Sticky Brain Studios)

Je souhaite que nous rejetions enfin cette idée que les « joueurs et joueuses » forment un ensemble monolithique. 

Tout comme les lecteurs et lectrices ou les cinéphiles, les joueurs et joueuses ont des goûts très variés. Le marché des jeux vidéo mûrit et prend de l’expansion. Il se diversifie aussi beaucoup. Ceux et celles qui jouent sont avides de nouvelles expériences innovantes. Ils ne veulent pas se contenter de constamment revoir les mêmes schémas à des résolutions plus élevées. Nous nous efforçons de diversifier la culture des artistes qui développent les jeux vidéo afin de répondre sans détour aux demandes du marché. Pour cela, nous devons collaborer avec des personnes qui pourraient être considérées comme « non traditionnelles » dans la culture existante dans l’univers des jeux vidéo afin de créer un contenu qui pourrait exercer un attrait international. Il s’agit d’un processus dispendieux pour des studios indépendants, qu’on pense à la localisation dans de nombreuses langues, à la mise en marché adaptée à différentes cultures ou à l’utilisation de diverses plateformes de médias sociaux. 

Les gens réfléchissent davantage à la façon dont ils utiliseront leur budget de divertissement, d’autant plus que l’incertitude financière persiste. Si les produits que nous créons ne reflètent pas la diversité et les goûts de nos joueurs et joueuses, ceux-ci se tourneront vers d’autres formes de divertissement. Le moment est venu d’investir dans des produits moins conventionnels et de créer des expériences extraordinaires qui seront au cœur des investissements dans le domaine des jeux au cours de la prochaine décennie.


Ingrid Randoja
Journaliste indépendante, Ingrid Randoja est l'ancienne responsable éditoriale de la section Film du magazine NOW de Toronto, l'ancienne rédactrice en chef adjointe du magazine Cineplex et l'une des membres fondateurs de la Toronto Film Critics Association.
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