À la rencontre de Bilal Baig
Cet article fait partie d'une série de sept portraits de créatrices et créateurs qui inspirent, publiée initialement dans le rapport annuel 2022 du FMC.
Parfois, une série télé arrive exactement au moment où on en avait le plus besoin.
En quelque sorte (Sort Of) est l’une d’elles.
La comédie dramatique diffusée à CBC a commencé sans tambour ni trompette, mais avant la fin de la première saison, le public était tombé sous le charme de l’attachant personnage principal, Sabi Mehboob (Bilal Baig), une personne millénariale non binaire qui cherche sa place dans le monde.
Nounou dans une famille en pleine crise et travaillant dans un bar-librairie LGBTQ2S+, Sabi jongle avec ses engagements envers ses emplois, saon camarade de longue date 7ven (Amanda Cordner), son amoureux infidèle Lewis (Gregory Ambrose Calderone) et sa mère pakistanaise attachée aux traditions (Ellora Patnaik), tout en tentant de définir la vie qu’iel veut.
Bilal Baig est la première personne d’origine sud-asiatique, queer et musulman⋅e à tenir le premier rôle dans une série canadienne diffusée aux heures de grande écoute. Iel n’avait jamais imaginé qu’En quelque sorte aurait un tel succès auprès du public et de la critique. L’émission a d’ailleurs reçu un prestigieux prix Peabody, trois prix Écrans canadiens et une nomination aux prix GLAAD dans la catégorie d’excellence pour une nouvelle série télévisée.
«Je savais qu’on était en train de faire quelque chose de spécial, mais est-ce que ça rejoindrait différents groupes de personnes et la critique? Je ne m’y attendais pas, admet Bilal Baig. Recevoir tant d’amour pour cette série a été une expérience réconfortante, c’est un honneur que les gens se soient sentis assez à l’aise pour partager avec moi l’impact qu’a eu l’émission sur leur vie.»
En quelque sorte célèbre une identité queer et trans positive, sans être moralisatrice, sentimentale ou condescendante. Elle offre une représentation nuancée — et c’est ce qui rend cette série spéciale et importante dans un monde où la transphobie et l’homophobie sont encore trop répandues.
«Je pense que pour ces communautés en particulier, trop souvent réduites à des statistiques parce qu’il manque de discussions dans la culture populaire, il est essentiel de présenter des histoires qui mettent leur humanité en lumière, explique Bilal. Des récits qui démontrent la complexité de l’expérience trans ou non binaire. Le fait de se reconnaître dans ces productions peut apporter une forme de guérison à ces gens, ou être révélateur pour les personnes qui découvrent l’émission et qui ne savaient pas trop ce qu’elles allaient vivre en entrant dans l’univers d’En quelque sorte.»
Bilal reconnaît l’apport du Fonds des médias du Canada dans la concrétisation de la série.
«En quelque sorte n’aurait pu exister sans le soutien du Fonds des médias du Canada, du développement à la production. Le FMC nous a permis de faire la série qu’on voulait vraiment faire et a toute ma reconnaissance.»
La deuxième saison d’En quelque sorte sera diffusée plus tard cet automne. Bilal Baig et son co-auteur et co-producteur, Fab Filippo, l’ont surnommée la «Saison de l’amour».
«Nous plongeons davantage dans la vie émotionnelle et familiale de certains personnages, afin d’approfondir notre compréhension de leur identité et leur construction en tant qu’individu, explique-t-iel. Ce qui les a forgé⋅es et comment cela influence leur manière de donner et d’accepter de l’amour. Et comme toujours, le public peut s’attendre à rire et à pleurer en même temps, tout au long de la deuxième saison.»