Les téléviseurs 4K méritent-ils votre attention ?
Au Consumer Electronic Show (CES) au début de janvier, les grands manufacturiers de l’industrie audiovisuelle ont déployé des moyens colossaux pour faire la promotion de leurs nouveaux écrans 4K.
Outre Samsung, qui a joué les gros bras en dévoilant un immense téléviseur incurvé à écran de 105 pouces (destiné principalement aux marchés de la Chine et du Moyen-Orient), LG, Samsung et Panasonic ont tous présenté des modèles 4K ou Ultra HD, c’est-à-dire des terminaux qui produisent une résolution quatre fois plus élevée que celle des téléviseurs haute définition de génération actuelle (soit 8 millions de pixels par rapport à 2 millions de pixels). À titre comparatif, alors que les films sont projetés à une résolution de 4096 x 2160 pixels dans les salles de cinéma, les nouveaux écrans 4K affichent une résolution de 3840 x 2160 pixels.
Cependant, cette nouvelle avancée technologique soulève plusieurs questions. À quels prix seront vendus de tels appareils? L’offre de contenus sera-t-elle au rendez-vous? En quel format s’échangeront ces contenus? Assistera-t-on à une énième guerre des formats?
La 4K devient abordable
En l’espace de seulement quelques mois, l’offre de téléviseurs 4K s’est grandement démocratisée. Le consommateur devra toutefois se contenter de tailles « raisonnables », car, au-delà de 55 pouces de diagonale, les prix s’envolent. Par exemple, si Samsung offre un téléviseur à écran DEL 4K de 55 po pour moins de 3500 $, le prix grimpe à plus de 40 000 $ pour un format de 85 po.
La vraie révolution en matière de prix s’opère du côté des marques d’entrée de gamme. Par exemple, le manufacturier sino-américain Seiki Digital a mis en vente pendant les fêtes de fin d’année un écran de 65 po au prix de 2999 $. La même enseigne propose du côté d’Amazon un écran de 40 po au prix de 490 $. De son côté, le manufacturier chinois Vizio a décidé de se concentrer sur offrir la technologie 4K pour moins de 1000 $ et propose des écrans de 55 po pour moins de 1000 $ et des écrans de 44 po pour 478 $.
Le contenue se fait rare pour le moment
À l’instar de chaque évolution technologique télévisuelle, la 4K se heurte aux problèmes de l’accessibilité et de la distribution de contenus. Certes, vous pouvez vous procurer un écran Ultra HD abordable, mais qu’allez-vous regarder? Au regard de l’offre actuelle, pas grand-chose, du moins pas en format Ultra HD.
D’une part, aucune chaîne de télévision – que ce soit Radio-Canada, TVA, NBC, CBS, AMC ou encore Fox – n’offre de signal 4K. Comme le rappelle à ce sujet le journaliste du Soleil Yves Therrien, la pleine HD (1080p) n’est même pas la encore la norme dans cette industrie, car ni Bell, ni Vidéotron, ni Cogeco, ni Shaw n’offrent mieux que du 720p par leur réseau de fibre optique ou la câblodistribution. Pour le moment, il n’y a que la diffusion par satellite qui utilise le format 1080p.
D’autre part, même si les deux nouvelles consoles phares du marché (Xbox One et PS4) offrent une compatibilité native avec la technologie 4K et permettront ainsi d’afficher une résolution de 3840 x 2160 pixels (dans le cas de films, par exemple), les jeux ne devraient pas être produits à une résolution supérieure à 1080p (c’est du moins ce que les deux entreprises laissent entendre pour le moment). Pour être affichés sur des téléviseurs 4K, les jeux devront être mis à l’échelle au moyen de l’algorithme de la console.
Au-delà de la diffusion en continu, point de salut
Pour remédier au manque criant de contenu, les fabricants se tournent vers les services de télévision par Internet comme Netflix, qui a annoncé vouloir dorénavant produire tous ses contenus originaux en format Ultra HD. À ce titre, la deuxième saison de la série House of Cardssera l’une des premières séries dramatiques diffusées en format 4K.
Cerise sur le sundae : tous les téléviseurs 4K sont « intelligents » et intègrent un système d’exploitation qui permet de télécharger des applications tierces comme Netflix, Amazon, Hulu Plus et YouTube. Ces quatre joueurs ont d’ailleurs annoncé divers partenariats en vue d’assurer leur service de diffusion en continu (streaming) en format Ultra HD.
Du côté des studios, de moins en moins de films sont tournés sur pellicule et certains studios comme Paramount ont même annoncé l’abandon de ce format d’ici la fin de l’année. Les films sont désormais de plus en plus tournés en résolution UHD 4K (voire parfois en 8K). Les films en UHD sont donc déjà en train de devenir une réalité dans le monde du cinéma, depuis la captation jusqu’à la postproduction et la diffusion dans les salles. Toutefois, si toute la chaîne de diffusion cinématographique numérique est aujourd’hui capable de travailler en 4K, il lui faut encore trouver le moyen de diffuser ce format dans les foyers.
À ce propos, la diffusion en continu semble pour le moment être l’unique moyen d’acheminer le format Ultra HD jusque dans les foyers. La capacité de stockage du format Blu-ray est trop limitée, et un éventuel disque 4K n’est pas à l’ordre du jour. L’Ultra HD passera donc par Internet, ce qui représente un nouveau frein potentiel à sa popularisation, car les offres actuelles des fournisseurs d’accès à Internet au Canada permettant un volume de téléchargement de données suffisant sont plutôt coûteuses.
Bataille de codecs vidéo
Enfin, l’histoire étant souvent une répétition du passé, la révolution de l’ultra haute définition ne fera pas l’économie d’une bataille des formats, et plus particulièrement des codecs vidéo (les langages employés pour compresser les signaux à ultra haute définition). Netflix a annoncé que sa série House of Cards serait encodée en format H.265, un format encouragé par Apple. De son côté, YouTube préfère encoder les vidéos en VP9, un format mis au point par Google.
Pour éviter d’être écartelés entre les deux géants américains, des manufacturiers comme Samsung ont annoncé que leurs téléviseurs UHD seraient munis d’un boîtier amovible et facilement remplaçable en cas de changement de format d’encodage.
Acheter ou attendre?
Si les grands manufacturiers font des pieds et des mains pour promouvoir leurs nouveaux téléviseurs, le grand public ne semble pas encore prêt à faire le saut. Il faut dire que plusieurs consommateurs ont du mal à s’y retrouver depuis quelques années, entre les « révolutions » de la semi-HD (720p), de la pleine HD (1080p) et de la 3D. Néanmoins, la 4K demeure une avancée qualitative majeure qui trouvera certainement preneurs. Selon le président de Sony, il faudra attendre entre cinq et sept ans avant que ce format ne soit adopté à grande échelle.
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