Quand les starts-ups scandinaves se mesurent aux géants de la Sillicon Valley
Billet invité, présenté dans le cadre d’un partenariat éditorial entre FMC Veille, la plateforme de veille stratégique du Fonds des Médias du Canada (FMC), et Méta-Media. © [2019] Tous droits réservés.
Peut-être est-ce le manque de lumière (une seule petite heure en hiver) qui inspire les codeurs, mais le fait est que les pays nordiques sont en tête des pays les plus innovants d’Europe. Avec des événements stimulant la création et les échanges comme Slush, cette région du globe demeure à surveiller.
Totalisant seulement 3% de la population européenne, les pays scandinaves représentent plus de 50% des valorisations en bourse en milliards de dollars depuis 2005. Lieu de naissance d’entreprises à succès comme Skype, SoundCloud, Klarna, Rovio (les créateurs finlandais d’Angry Birds) et surtout Spotify (basé à Stockholm), les pays du Nord fournissent à eux seuls 10% des start-ups du monde.
Slush: la crème de la crème de la scène tech nordique
Un des événements peu relayés en dehors des pays scandinaves qui attire entrepreneurs, startup dreamers, investisseurs, fêtards et volontaires se nomme « Slush ». Cette conférence-festival-foire qui se déroulait en décembre dernier a rassemblé 3 100 start-ups, 1 800 investisseurs, 20 000 visiteurs de 130 nationalités, 2 400 volontaires et 450 dirigeants d’entreprises – le tout à une température extérieure de 2° C pendant deux jours en décembre.
Du machine learning à la deep tech avec des innovations de rupture, Slush couvre un éventail gigantesque de thématiques autour de l’IA, la VR, l'AR, notamment pour les secteurs de la fintech et de la santé.
C'est notamment lors de cet événement qu'on a pu constater que l'Europe peut soigner son complexe d’infériorité face à la Silicon Valley. En effet, cette année l’Europe affiche deux fois plus d’IPOs (introductions en bourse) que les États Unis, dont Spotify avec ses 26 milliards de dollars.
Le rapport The state of European Tech réalisé chaque année par l’entreprise Atomico, et présenté en début de l’événement de Helsinki, prévoit un record de 23 milliards de dollars d’investissements dans la tech européenne, contre 5 il y a 5 ans. 17 nouvelles compagnies ont dépassé la barrière du milliard de dollars de valorisation boursière cette année, c’est plus du double de l‘année dernière.
Des défis considérables: de la réglementation à la diversité
Seul bémol: l’Europe a dû mal à mettre en valeur ses près de 2 millions de chercheurs dans cet écosystème, un élément auquel Slush essaie de remédier avec la « Science Pitching Competition ».
Autre frein face aux États-Unis et la Chine: la réglementation, notamment la récente loi RGPD, qui ajoute des contraintes au développement, même si la majorité des start-ups considère la loi comme bénéfique pour ses clients.
Un autre challenge reste à relever: ayant importé en copié collé le modèle de la Silicon Valley, l’Europe a un sérieux problème de diversité dans le secteur de la tech, dont les traces se retrouvent, malgré les efforts, dans la sélection très masculine des intervenants à Slush. Une question traitée aussi dans l’intervention de Margrethe Vestager, Commissaire européen à la Concurrence.
La Slush Academy
Slush 2018 était aussi l’occasion d’annoncer la « Slush Academy », un programme de formation à l’entrepreneuriat, adossé à une série de partenaires académiques, comme Oxford Saïd Business School, London Business School, Aalto University, UC Berkeley, Singapore University of Technology and Design, Stockholm School of Economics, et avec des mentors issus d’entreprises et de start-ups de pointe, qui permettront à des étudiants de bénéficier de stages. Progressivement, et soutenu par l’intelligence artificielle, ce programme gratuit proposera un parcours entièrement personnalisé composé de stages, mentorat et jobs internationaux pour chaque étudiant. Le lancement de la « Slush Academy » est prévu pour le printemps 2019, avec une trentaine d’étudiants sélectionnés dans le monde entier.